Le cobalt, un minerai prisé mais problématique
21 mars 2024Un puits étroit mène vers les profondeurs de la mine. Pierre Amani Kangenda n'en distingue pas le fond, mais il voit les lampes frontales des jeunes hommes qui soulèvent les sacs de 20 kilos les uns après les autres.
Ici, dans le sud de la République démocratique du Congo, on creuse avec des pioches et des pelles pour extraire le cuivre et le cobalt.
"Dès qu'ils atteignent la couche minéralisée, ils commencent l'exploitation", explique Pierre Amani Kangenda. "Trente mètres, c'est la profondeur maximale pour tous les puits ici, on ne peut pas dépasser trente mètres. Donc, s'ils arrivent à trente mètres, ils stoppent, ils vont chercher un autre endroit pour creuser. C'est comme ça pour respecter les normes."
Des tentatives d'amélioration
Le travail est dur et dangereux, mais un peu plus sûr qu'ailleurs. C'est Amani Kangenda, un ingénieur minier de formation, équipé d'un gilet de sécurité, qui s'occupe du chantier pour le compte de la société de services RCS Global.
S'il y a des incidents, les partenaires sont informés et des corrections apportées pour que la chaîne d'approvisionnement soit acceptable au niveau international.
Amani Kangenda saisit les informations dans un programme informatique. Sept autres mines de la région sont surveillées dans le cadre du programme Better Mining.
Un enjeu de taille
L'enjeu est de taille, notamment pour les constructeurs de voitures électriques. La République démocratique du Congo représente les deux tiers de la production mondiale de cobalt, une matière première nécessaire aux batteries lithium-ion qui alimentent les véhicules électriques.
Les informations faisant état du travail d'enfants et de mineurs ensevelis nuisent au secteur de la mobilité électronique, qui est présenté comme durable.
Les initiatives pour plus de transparence et de sécurité au travail visent donc à montrer que la matière première peut également être achetée en toute bonne conscience en RDC. Un projet difficile.
Sensibilisation et patience
Alain Mpalanga, le directeur adjoint de la coopérative Somikas, assure qu'il y a eu des progrès en ce qui concerne la sécurité des mineurs. Au sujet du travail des enfants qui se retrouvent sur les sites miniers, l'accent est mis sur la sensibilisation dans les écoles et les églises, mais pas que…
"Nous sommes en train de réfléchir à comment est-ce qu'on peut clôturer notre site", explique-t-il. "Si on arrivait à clôturer notre site, y compris là où il y a les dépôts, là où il y a les restaurants, des enfants ne pourront pas venir."
Un programme comme Better Mining n'est pas un certificat d'une chaîne d'approvisionnement sans faille. Lucien Bahimba coordonne le programme pour RCS Global : "C'est un travail progressif où les gens finissent par comprendre qu'au bout d'un mois ou d'un an, ils doivent abandonner les comportements qu'ils adoptent depuis cinq ou dix ans. Ce n'est pas toujours facile."
Better Mining ne peut, à lui seul, éliminer le risque pour les entreprises que des minéraux problématiques entrent dans leur chaîne d'approvisionnement. Pour y parvenir, de tels programmes devraient couvrir les mines de la RDCà grande échelle.