Le décès de Morsi égratigne encore l'image d'al-Sissi
19 juin 2019Le match d'ouverture de la Coupe d'Afrique des Nations a lieu vendredi. Il opposera le Zimbabwe au pays hôte de la compétition, l'Egypte. La CAN 2019 s'annonce sur fond de polémique qui enfle sur l'autocratisme du chef de l'Etat al-Sissi, suite au décès, lundi (17 juin), en plein procès, de l'ex-président Mohamed Morsi, enterré en catimini.
La mort de Mohamed Morsi tombe mal pour Abdelfattah al-Sissi
Passé largement sous silence par la presse égyptienne, l'enterrement rapide du président islamiste déchu a suscité une vague d'empathie et de protestation dans de nombreux pays du Proche et Moyen-Orient.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a qualifié Mohamed Morsi de « martyr » et rappelé qu'avant d'être destitué par Abdelfattah al-Sissi en 2013, il avait été le premier président démocratiquement élu d'Egypte.
"Je condamne le monde occidental et toute l'humanité pour avoir assisté sans rien dire à la destitution de feu Mohamed Morsi par un coup d'Etat, et quand il a été torturé dans sa cellule d'isolement jusqu'à finalement perdre la vie."
Mohamed Morsi n'a pu recevoir de visite de ses proches que trois fois en six ans.
"Une prison à ciel ouvert"
A quelques jours du début de la CAN, le président égyptien, actuel président de l'Union africaine, se serait sans doute bien passé de ce rappel à sa politique de répression vis-à-vis des Frères musulmans et les multiples violations des droits humains de son régime.
La responsable du bureau Moyen-Orient/Afrique du Nord d'Amnesty International, Magdalena Mughrabi, tente d'attirer l'attention sur "une crise des droits humains sans précédent" en Egypte.
"Le pays est devenu une prison à ciel ouvert pour tous les esprits critiques, tous ceux qui osent s'opposer à la politique gouvernementale et au président al-Sissi. De nombreuses lois très restrictives ont été adoptées depuis 2013. Les gens n'ont donc pas la possibilité de protester librement, ni d'exprimer leur opinion, sur internet ou dans la vraie vie. Sinon, ils sont arrêtés et poursuivis en justice, sous le coup de charges souvent fabriquées de toutes pièces."
L'Egypte accuse de son côté l'ONU de vouloir "politiser" la mort de Mohamed Morsi. Le bureau des droits de l'Homme des Nations unies réclame une enquête "minutieuse et indépendante" sur le décès de l'ancien président.