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Inquiétude quant au déploiement de drones armés au Niger

Blaise Dariustone
24 novembre 2017

Le Niger et les Etats-Unis veulent déployer des drones armés au Niger pour lutter contre le terrorisme. Mais sur place, le risque d'erreurs et de pertes civils inquiète.

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USA stationieren Drohnen in Niger
Image : picture-alliance/dpa

Depuis la mort de quatre bérets verts américains, près de la frontière malienne à Tongo Tongo, le Niger et les Etats-Unis réfléchissent aux moyens appropriés pour venir à bout des islamistes. Les deux pays ont ainsi annoncé le déploiement prochain de "drones tueurs". Des aéronefs qui ne sont pas sans risques pour les populations civiles tant le risque d'erreur lors de leur utilisation peut être fort. 

Question de souverraineté

USA Drohne in Hangar
Image : Getty Images/I. Brekken

Officiellement, c'est uniquement sur ordre des autorités nigériennes que les drones armés américains seront autorisés à frapper leurs cibles en territoire nigérien, de la frontière libyenne à la frontière malienne, partout où le besoin se fera sentir. Mais l'utilisation de ces drones armés au Niger est mal perçue par les acteurs de la société civile. Des voix s'élèvent notamment pour dénoncer les risques de victimes collatérales au sein des populations nomades, majoritaires dans ces zones de conflit."On est inquiet, surtout quand on retient la position des américains qui disent qu'ils vont tirer sur tout ce qui bouge, ça veut dire que c'est sans discernement", estime Nouhou Arzika, militant de la société civile nigérienne.

Comme d'autres il craint que des innoncents soient abattus. "Il suffit d'un petit attroupement dans les zones rurales et quand les gens vont les repérer, ils vont tirer sur eux sans sommation. Vous imaginez que c'est dangereux non ?", poursuit Nouhou Arzika. Dans tous les cas, les gouvernements des pays de cette zone doivent des explications sur les clauses de ce contrat qui lient leurs pays à des puissances exterieures, selon le politologue béninois Gilles Yabi. "Quel est le principe de précaution qu'on peut faire valoir ?", questionne-t-il. Selon lui, il faut plus de débats au niveau des parlements de la région lorsqu'il s'agit de s'engager dans une militarisation de la région par des puissances extérieures. "Sinon, au final, elle ne rendent pas de comptes aux citoyens de la région."

Le pouvoir tenter de rassurer

Afghanistan US Militär Drohnen
Image : Reuters/J. Smith

Pour rassurer, le ministre de la Défense nationale du Niger met en avant l'intérêt du pays dans la décision prise récemment. Kalla Moutari, rassure la population sur l'usage professionnel de ces engins. "Les drones armés, c'est un processus que nous sommes entrain de suivre avec intérêt parce qu'il faut défendre notre pays", explique-t-il. "On ne craint pas des accidents ou des dégâts collatéraux parce que, ce sont des professionnels qui utilisent ces engins et c'est de la haute technologie." Selon lui, "les rares fois où ces drones causent des dégâts, c'est accidentel. Et ces accidents arrivent quelle que soit la qualité de l'arme utilisée", estime le ministre avant d'appeller la population à ne pas s'inquiéter. "Ce sont ces terroristes qui ont peur des drones."

L'histoire a toujours montré que l'usage des drones armés américains n'est pas sans conséquences. Selon des informations compilées par le quotidien britannique The Guardian, entre 2002 et 2013, plusieurs dizaines d'attaques de dronnes visant á éliminer en tout 41 suspects se sont soldées par la mort de 1.147 civils. Et dans certains cas, les cibles n'ont pas été atteintes.

Vue arienne de N'Djamena
Blaise Dariustone Correspondant au Tchad pour le programme francophone de la Deutsche Welledw_francais