Le football féminin fait du sur place au Qatar
2 janvier 2023Le dernier match officiel de l'équipe féminine du Qatar, une défaite 8-2 face au Bahreïn, remonte à 2014.
Depuis, les joueuses n'ont disputé que quelques matchs amicaux. Elles ont aussi effectué un stage aux Etats-Unis, le pays moteur du football féminin. Mais aucun match officiel n'avait été programmé.
La frustration est immense pour les joueuses qui ont vu leurs homologues masculins disputer la Coupe du monde à domicile.
"Quand on ne joue pas, on ne progresse pas", a déclaré la joueuse Hajar Saleh à la DW. Une grande partie de ses camarades ont, elles, refusé de répondre à nos questions, de peur d'être ciblées par le gouvernement qatari.
Des académies nombreuses mais pas vraiment faites pour les femmes
Depuis une vingtaine d'années, les académies de football sont de plus en plus nombreuses au Qatar. Aspire, la plus importante de toutes, a été créée en 2004 par le gouvernement qatari, mais elle ne possède pas de section féminine... pour le moment.
"Ma fille joue ici pour une équipe de Lusail et il y a des académies qui ont des équipes de filles. Chez Aspire, nous parlons de football féminin mais nous souhaitons faire les choses pas à pas", a expliqué Tim Cahill, ancien international australien et directeur sportif chez Aspire, à la DW.
L'Académie du PSG à Doha fait partie de celles qui possèdent des équipes féminines. Mais malgré les liens directs entre le club et l'état qatari, le club parisien n'a jamais réussi à venir en aide à l'équipe nationale.
Aya Jurdi, une joueuse libanaise qui entraîne au sein de l'académie, nous a révélé avoir plusieurs fois proposé son expertise, en vain.
Le Maroc en exemple
Les joueuses qataries ne perdent cependant pas complètement espoir. Le beau parcours du Maroc lors de la dernière CAN féminine prouve que le monde arabe peut se mettre au football féminin.
Monika Staab, technicienne allemande de 63 ans, connaît bien le Qatar pour avoir entraîné l'équipe première de 2013 à 2014. Elle s'occupe aujourd'hui, avec succès, de l'Arabie Saoudite. Si elle n'a pas critiqué ouvertement le Qatar, elle estime que le pays doit s'inspirer du Maroc.
"C'est remarquable de voir où était l'équipe il y a cinq ans et où elle est aujourd'hui. C'est la preuve qu'avec une vraie stratégie on peut aller loin. Le Maroc est le meilleur exemple pour le monde arabe", assure-t-elle.
Le Maroc sera d'ailleurs le premier pays arabe à disputer la Coupe du monde féminine, ce sera du 20 juillet au 20 août prochain en Australie et en Nouvelle Zélande.
Un exemple pour toute la région, le Qatar en tête.
Cet article, paru dans sa version longue en anglais, a été traduit et édité par Sophie Serbini.