Le football gabonais ne tourne pas rond
27 juin 2018Professionnaliser le football au Gabon : l'idée, lancée il y a six ans était prometteuse car le pays s'apprêtait à organiser, en 2012, la coupe d'Afrique des nations. Mais depuis, rien n'a été fait. Le football gabonais est mal en point. La quasi-totalité des joueurs professionnels gabonais ne reçoivent pas l'intégralité de leur salaire, il n'y a pas d'argent pour payer les transports ou pour acheter du matériel.
Organisation à revoir
On est loin des 180.000 livres hebdomadaires de Pierre Emerick Aubameyang à Arsenal. Pourtant en 2012, l'Etat avait initié la professionnalisation de la discipline. Mais entre l'idée et l'acte, le fossé est grand. Comme Jaduve Mboumba, milieu offensif du Club Oyem AS, une très large majorité des joueurs professionnels de foot n'a plus touché de salaire depuis plusieurs mois.
"Aujourd'hui je ne dirais pas que les footballeurs gabonais vivent de leur métier parce que, que ce soit sur les conditions de vie ou de travail, et selon les termes du contrat, rien n'est respecté à ce jour", raconte Jaduve Mboumba. "On se retrouve à vivre quasiment au niveau de la mendicité."
Sur le terrain d'entrainement de Lozo Sport Brice Ondo, l'entraineur du club monté en première division il y a deux ans, se dit lui aussi préoccupé par la situation. Même si pour lui, le chemin est tracé, il faut simplement que le temps agisse sur la prise de responsabilité des dirigeants. "Ca gêne tous les techniciens, je pense qu'il y a encore matière à revoir certaines choses, en termes d'organisation et en termes de structuration aussi", explique Brice Ondo. "C'est difficile, mais pour le moment, je pense qu'il faut seulement prendre patience, continuer à travailler tout en espérant des lendemains meilleurs."
Trois ans cumulés sans salaire
Selon une étude réalisée en 2016 par la Fifpro, le syndicat mondial des joueurs professionnels, 96% des joueurs professionnels gabonais ne reçoivent pas la totalité de leur salaire. Championnat en dents de scie, salaires des joueurs et même des entraineurs impayés, équipements amateurs ... Les griefs que soulèvent les joueurs sont nombreux. "Le plus gros problème ce sont les impayés de salaires", estime l'ancien international gabonais Rémi Ebanega, président de l'association nationale des footballeurs professionnels du Gabon.
Il décrit une situation difficilement tenable. "Les joueurs accumulent chaque année à peu près cinq à six mois d'impayés de salaire et quant on additionne, ça fait près de trois ans successifs sans être payés." Du coté de l'Etat on reconnait les problémes. "Le vrai sujet, c'est de se dire que l'Etat met de l'argent dans le sport mais pas forcément au bon endroit, et l'argent ne va pas forcément aux bonnes personnes", confie le ministre des Sports Alain-Claude Bilie-By-Nze.