Le forum pour la paix s'ouvre à Dakar
25 octobre 2022Pourtant, les attaques n’ont pas cessé après les putschs et au Burkina Faso, un militaire vient même d’être renversé par un autre militaire. Cette situation est par ailleurs aggravée par la guerre en Ukraine. Au Sénégal, ce conflit qui se déroule à des milliers de kilomètres a des impacts sur le plan agro-alimentaire.
Difficile de s’approvisionner en intrants agricoles, ici au Sénégal. Depuis le début de la guerre en Ukraine, les prix de certains produits comme le blé sont toujours élevés et inaccessibles aux plus pauvres.
Pour mieux faire face à cette crise des céréales, les membres de l’Union nationale des associations de commerçants, opérateurs et investisseurs du Sénégal, Unacois Yeessal, ont décidé d’aller au-delà de l’importation et de la distribution.
"On a démarré mais timidement, une partie d’industrialisation. C’est-à-dire, au lieu de continuer à importer, nous avons tissé des partenariats avec des hommes d’affaires étrangers et nous commençons non seulement à bénéficier du transfert de technologies mais aussi, nous produisons sur place pour diminuer les importations et participer au rétablissement de la balance commerciale", explique Alla Dieng, le directeur exécutif de l’Unacois Yeessal.
Alternatives
À côté de ce début d’industrialisation, les consommateurs ont commencé à modifier leurs habitudes alimentaires en ayant recours à des alternatives produites localement à partir des céréales sèches telles que le mil souna, le mil sorgho et le maïs.
La crise des céréales est le plus récent choc exogène auquel les Etats africains sont confrontés.
Pour Alioune Tine, fondateur du think tank AfrikaJom Center basé à Dakar et expert indépendant des Nations unies pour les droits de l’homme au Mali, la guerre en Ukraine est venue aggraver les conséquences de la pandémie de Covid-19 qui a plongé le continent dans la récession économique après des décennies de croissance.
Alioune Tine insiste aussi sur l’expansion du terrorisme et ses conséquences sur le plan politique, comme étant une urgence dont doit débattre le huitième Forum international de Dakar sur la paix et la sécurité en Afrique.
L’expert de l’Onu souligne le recul de la démocratie avec l’éternelle question du troisième mandat à l’origine de certaines crises politiques actuelles.
C'est pourquoi, il recommande aux dirigeants africains et à la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest, de se préoccuper avant tout de la bonne gouvernance et des besoins de la jeunesse.
"Si on ne règle pas la question de la corruption et la question de l’impunité des crimes économiques, on n’avancera pas ! Donc nous sommes dans une situation où il faut repenser nos modèles, où il faut repenser également le mécanisme régional qui est la Cédéao. On a comme l’impression que l’avenir est bouché pour la nouvelle génération africaine. Nous avons besoin de repenser cela", soutient Alioune Tine.
Les débats duforumvont également porter sur le rôle du secteur privé dans la construction d’un tissu économique plus stable et sur les réponses communautaires aux défis de stabilité en Afrique.