Le lien entre réchauffement et catastrophes naturelles
4 juin 2024Le sud de l’Allemagne commence à entrevoir une décrue, après les inondations qui ont frappé durement le sud du pays suite aux pluies diluviennes de la fin de semaine dernière.
Le chancelier Olaf Schoz a qualifié ces inondations d'"avertissement du changement climatique", rappelant que ce genre de catastrophes naturelles devenaient de plus en plus fréquentes en Allemagne.
Et cette tendance est mondiale. Inondations et vagues de chaleur en Afrique, déluges dans le sud du Brésil, sécheresse en Amazonie et chaleur extrême en Inde : "Presque toutes les régions du monde ont connu des phénomènes météorologiques et climatiques extrêmes de différentes natures" en 2024, explique Alvaro Silva, expert en climatologie de l'Organisation météorologique mondiale.
Si l’on ne peut pas attribuer tous les phénomènes météorologiques au changement climatique, leur fréquence et leur intensité se renforcent en raison des émissions de gaz à effet de serre.
Evaporation dans l’atmosphère
L'année dernière, l'hémisphère nord a connu l'été le plus chaud de ces 2 000 dernières années et, à l'échelle mondiale, l'année 2024 devrait connaître des températures encore plus élevées.
Or le réchauffement augmente l'évaporation et libère davantage de vapeur d'eau dans l'atmosphère. Il en résulte des précipitations plus intenses et donc des inondations dans certaines régions, mais aussi des sécheresses plus extrêmes dans d'autres.
Nous sommes en fait face à une double conséquence : les températures des océans, plus chauds, intensifient les pluies, alors que les températures plus élevées entraînent des vagues de chaleur plus fréquentes, et donc des sécheresses. Des sécheresses qui rendent ensuite des sols imperméables et ne leur permettent plus d’absorber les précipitations.
Une vague de chaleur 45 fois plus probable
La World Weather Attribution (WWA) réunit des scientifiques qui cherchent à déterminer si et dans quelle mesure le changement climatique induit par l'humain a joué un rôle dans les récents événements extrêmes.
Ainsi, la vague de chaleur qui a frappé l'Inde a été 45 fois plus probable en raison du changement climatique.
"Il ne fait aucun doute que tant que nous continuerons à brûler des combustibles fossiles et, par conséquent, à augmenter la concentration de gaz à effet de serre dans l'atmosphère, ces vagues de chaleur deviendront plus fréquentes, plus sévères et plus longues", assure Friederike Otto, qui dirige l'organisation, à la DW.
Au Brésil, des études estiment également que les inondations qui ont conduit au déplacement de 1,5 million de personnes peuvent être en grande partie attribuées au changement climatique.
Aux Etats-Unis en revanche, les scientifiques ne parviennent pas encore à déterminer ou à expliquer le lien entre la multiplication des tornades et le réchauffement.
S’adapter au climat, mais à quel prix ?
Enfin, le WWA insiste sur les niveaux de vulnérabilité des populations et des infrastructures, qui varient fortement selon les pays et crée d’énormes inégalités.
En Allemagne, "l’adaptation au climat et la protection du climat sont une assurance élémentaire pour notre société", expliquait ce mardi (04.06) une responsable politique, en se félicitant de l’efficacité des investissements contre les inondations dans le Bade-Wurtemberg, où de nombreux drames ont pu être évités.
Dans la même région, la quasi-totalité des maisons sont assurées contre les catastrophes naturelles, car cette assurance a été obligatoire pendant longtemps . Généraliser cette obligation à tout le pays est d’ailleurs une mesure débattue par les élus allemands.
Mais il s’agit là d’un luxe, que l’ensemble de la planète est loin de pouvoir se permettre.