Le Mali ordonne une enquête sur les violences de Diabaly
10 septembre 2012Les victimes sont des membres d'une confrérie religieuse, la Dawa. Elles se rendaient à Bamako pour participer à une conférence. L'armée malienne dit avoir ouvert le feu sur leur véhicule après qu'elles ont refusé de s'arrêter. L'incident a eu lieu à Diabaly, une ville proche de la frontière mauritanienne, à quelque 175 kilomètres au nord de la ville de Ségou.Pour l'heure, à part la version de l'armée malienne, on ignore les circonstances exactes dans lesquelles les 16 membres de la Dawa ont trouvé la mort. Seule l'enquête ordonnée par le gouvernement malien permettra, peut-être, de faire la lumière. La Mauritanie a exprimé le besoin de participer à cette enquete.
Concernant l'incident, voici ce que pense Mamadou Moctar Sarr, secrétaire exécutif du Forum des organisations nationales des droits de l'Hommes en Mauritanie :
« Pour nous c’est un événement regrettable. Dans cette zone, une zone d’insécurité, les personnes qui ont été tuées étaient de simples prédicateurs qui font le tour aussi bien en Mauritanie qu’au Mali. Les deux pays doivent pouvoir gérer cette question pour, en menant les enquêtes nécessaires, vraiment trouver un coupable à traduire devant la justice parce que ce genre d’acte peut créer des incidents malheureux entre deux pays alors que ce n’est pas par la volonté des citoyens. »Un message fort pour les autorités maliennes
À Bamako, l'incident a, certes, créé un désarroi au sein de la population et de la classe politique. Mais Ali Touré, politologue, pense que c'est le moment pour le gouvernement malien de se remettre en cause :
« Aujourd’hui, ça doit être un message fort pour les autorités maliennes, pour les décideurs de prendre vraiment des initiatives, de se lever et de ne pas croiser les bras. Nous les citoyens on est inquiet face a cette situation-là parce que vraiment la situation est chaotique et catastrophique aujourd’hui dans ce pays-là. Et si réellement on ne fait pas attention, ces gens-là vont prendre tout le territoire. C’est à l’armée de se lever, c’est aux autorités de décider qu’on va vraiment vers l’offensive aujourd’hui. On n’a plus le choix. On ne peut plus attendre aujourd’hui, si c’est déjà le chaos. »
La Mauritanie abrite plusieurs milliers de refugiés maliens. Selon, Mamadou Moctar Sarr, après cet incident, ces derniers n'ont pas à craindre pour leur liberté et leur séjour. De sont coté, Bamako a dépêché à Nouakchott son ministre des Affaires étrangères, Tièman Coulibaly, pour exprimer de « vive voix la compassion et les regrets du peuple malien ».
La mort des huit Mauritaniens a provoqué la colère de Nouakchott. Même le fait que Bamako a ordonné une enquête ne calme pas la Mauritanie. Dans un communiqué, le gouvernement de Mohamed Ould Abdel Aziz dénonce un «assassinat collectif.»
Ecoutez Tidiane Dia Cheick, éditorialiste et politologue mauritanien; il analyse l’impact de cet incident entre les deux pays.