Le Nobel de la Paix attribué à l'OIAC
11 octobre 2013Pourquoi avoir choisi l'OIAC ? La réponse tient dans cette phrase, tirée du verbatim du Comité Nobel : « les événements récents en Syrie, où des armes chimiques ont été une nouvelle fois utilisées, ont souligné la nécessité d’accroître les efforts pour se débarrasser de telles armes ». Le Comité Nobel entend, par cette distinction suprême, soutenir le travail des inspecteurs de l'OIAC actuellement déployés en Syrie pour inventorier l’arsenal chimique du régime syrien et, à terme, superviser sa destruction.
Une action internationale… et plutôt méconnue
L’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques est une structure d’ampleur, avec un budget annuel de 65 millions d’euros et plus de 500 fonctionnaires rien qu'au sein de son secrétariat technique.
Basée aux Pays-Bas, l'OIAC a été créée en 1997, pour veiller à l'application de la Convention pour l'interdiction des armes chimiques, qui vise à la destruction totale des arsenaux chimiques dans le monde. C'est-à-dire l'élimination des stocks existants mais aussi l'arrêt complet de la production. L'OIAC est financée par les 190 Etats parties.
Des résultats encourageants
Fin septembre 2013, l’OIAC confirmait la destruction de 81,7% des stocks d’agents chimiques déclarés. Et toutes les installations de fabrication déclarées ont été mises hors service. Cela a été le cas par exemple en Libye.
Ombre au tableau, certains Etats signataires, comme les Etats-Unis et la Russie, n’ont pas respecté les délais de destruction de leurs stocks, prévus en 2012, et l'OIAC n'a pas vraiment les moyens de faire pression sur eux. Par ailleurs, Israël et la Birmanie, signataires de la convention, ne l’ont toujours pas ratifiée.
Cinq Etats encore réticents
Dans le monde, seuls quatre Etats n’ont pas signé ou pas adhéré à la convention sur l’interdiction des armes chimiques. Il s'agit de la Corée du Nord (la Syrie a décidé d'une procédure d'adhésion d'urgence). Et de trois Etats africains : le Soudan du sud, l’Angola et l’Egypte.
Réaction allemande
Le ministre allemand des Affaires étrangères se félicite du choix « encourageant » de l’OIAC. En déplacement à Kiev, en Ukraine, Guido Westerwelle estime que cela permettra de redonner de l’élan aux opérations de désarmement dans le monde, notamment contre les armes de destruction massive.
Le choix de l'OIAC est plus consensuel que celui de l'Union europénne, lauréate du Prix Nobel de la Paix en 2012.
Déception dans le Sud-Kivu
Le Prix Nobel de la Paix 2013 est doté de 1,25 millions de dollars. En République démocratique du Congo, on a bien cru que cette somme allait revenir à un Congolais. Le nom du gynécologue Denis Mukwege avait circulé parmi les "nobelisables".
Ce médecin a créé l'hôpital Panzi à Bukavu, dans l'est du pays, pour aider les femmes victimes de violences sexuelles dans les conflits armés du Sud-Kivu.
Le porte-parole de son hôpital a reconnu qu'ils avaient bien failli organiser une retransmission en direct de l'annonce du Prix dans une salle. Le docteur Mukwege pourra toujours se consoler avec le Prix suédois Right Livelihood 2013 qui lui a été décerné fin septembre.