Le pacte migratoire UE / Turquie est-il encore d'actualité ?
12 septembre 2019Menaces d'Ankara, camps de réfugiés surchargés sur les îles grecques, et pratiquement aucune expulsion vers la Turquie : c'est le résumé que fait le Münchner Merkur de trois ans d'accord migratoire entre Bruxelles et Ankara.
Et quand on demande à la Commission européenne si cet accord est sur le point d'exploser, la réponse est aussi sobre que d'habitude: "Nous sommes persuadés que la coopération avec nos partenaires turcs peut se poursuivre en bonne confiance".
Quant au nombre croissant de migrants qui arrivent sur l'île grecque de Lesbos, Bruxelles fait remarquer que ce n'est rien, comparé à la période d'avant l'accord avec Ankara.
En réalité, écrit la Saarbrücker Zeitung, les migrants ont continué d'affluer en Grèce et n'ont pas été renvoyés en Turquie. Les autres États de l'Union européenne ne se sont pas sentis obligés de respecter leur partie de l'accord et d'accueillir les demandeurs d'asile arrivés légalement de Turquie.
Cela évitait des soucis avec les gouvernements qui ne voulaient pas de migrants. Mais la Grèce a toujours été débordée par son rôle, acceptant une catastrophe humanitaire tandis que l'Europe se disputait avec l'Italie. Cela ne peut plus durer, estime le quotidien.
La situation est intolérable, renchérit la Mitteldeutsche Zeitung : pour les réfugiés, pour les Grecs et pour l'Europe. La nouvelle commission d'Ursula von der Leyen a donc un problème supplémentaire.
Ses promesses d'une Union européenne responsable doivent se refléter à Lesbos et sur les autres îles. Ceux qui se réclament de cette communauté européenne ne peuvent pas refuser cette solidarité, affirme la Mitteldeutsche Zeitung.
Pékin dénonce l'ingérence de l'Allemagne à Hong Kong
Autre sujet commenté dans la presse allemande, la présence en Allemagne du militant pro-démocratie de Hong Kong, Joshua Wong, dont la rencontre avec le ministre allemand des Affaires étrangères Heiko Maas a provoqué une brouille diplomatique avec la Chine.
Le gouvernement chinois y voit un "manque de respect", rapporte die tageszeitung. Pékin a mis en garde l'Allemagne de ne pas se mêler des affaires de la Chine.
Ce principe est le même depuis des années, que ce soit le Tibet, le Xinjiang ou aujourd'hui Hong Kong. Pékin proteste et l'Allemagne se plie à la règle parce que sa dépendance économique par rapport à la Chine est trop grande. Et qui décide des règles du jeu ? La Chine, qui connaît son pouvoir et les faiblesses de l'Europe, déplore la taz.
Pour les dirigeants chinois, le monde devrait observer une multitude de lignes rouges, d'interdictions de pensées et respecter la sensibilité chinoise, critiquent les Schwarzwälder Boten. Sinon, Pékin brandit la menace d'une période glaciaire économique.
Il est donc d'autant plus important, selon le quotidien, de faire enfin preuve de courage et de solidarité avec les opprimés. La liberté individuelle est et demeure un droit fondamental. Le silence et les caresses envers Pékin ne sont pas une option.