Le parcours d'Hamed Bakayoko, le Golden Boy au destin brisé
11 mars 2021Hamed Bakayoko, décédé à l’âge de 56 ans à Fribourg en Allemagne, a eu un parcours fulgurant. Dès la fin de ses années universitaires, il crée "Le Patriote", un journal engagé politiquement qui va traverser toutes les crises qu’a connues la Côte d’ivoire.
Hamed Bakayoko a été aussi durant quelques années PDG de Radio Nostalgie Abidjan. Sa rencontre avec Alassane Ouattara au début des années 1990 lui permettra de se tailler une carrure d’homme politique pour devenir fidèle parmi les fidèles du président ivoirien.
‘’C’est une grande perte non seulement pour sa formation politique le RHDP mais aussi pour la Côte d’Ivoire. Surtout quand on connait la place centrale du Premier ministre Hamed Bakayoko, le trait d’union entre les différentes formations politiques", estime l’analyste politique Sylvain N’Guessan.
Hamed Bakayoko est mort mercredi dans un hôpital de Fribourg en Allemagne des suites d'un cancer, huit mois après le décès de son prédécesseur Amadou Gbon Coulibaly.
A partir de 2002, à la faveur de la crise politico-militaire qui va diviser le pays en deux, il sera nommé régulièrement ministre dans plusieurs gouvernements avant d’être en 2016 élu député de la circonscription de Séguéla, la région d’où il est originaire.
Maire de la célèbre commune d’Abobo, très rapidement il réussira à changer l’image de cette commune qui était jusque-là peu fréquentable. Pendant plusieurs années, il a occupé le poste de ministre de l’intérieur. Son succès à la tête de ce département, emmènera Alassane Ouattara son mentor à le nommer à la défense.
Chef du gouvernement et homme de consensus
Au décès du Premier ministre Amadou Gbon Coulibaly en juillet 2020, le président ivoirien nomme Hamed Bakayoko au poste de Premier ministre.
Hamed Bakayoko, travailleur acharné selon ses proches, faisait l’unanimité dans toute la classe politique ivoirienne. C’est ce qui lui a valu de mener avec succès le dialogue politique avec l’opposition pour trouver un consensus autour des élections législatives du 6 mars dernier.
Hamed Bakayoko était un homme de combat et de conviction. Ce qui fait dire à Sylvain N’Guessan que sa disparition est une grosse perte pour la Côte d’Ivoire.
"C’est d’ailleurs à juste titre que c’est à lui que le président Laurent Gbagbo va s’adresser pour faire la doléance aux vues de la levée du blocus autour de la résidence du président Henri Konan Bédié et des principaux leaders de l’opposition. C’est une grande perte donc pour la classe politique ivoirienne. Ces dernières années, le Premier ministre Hamed Bakayoko est apparu comme l’homme du consensus. On ne remplace pas ce genre de personne du jour au lendemain."
Le charismatique Hamed Bakayoko ou Hambak comme les Ivoiriens aimaient bien l’appeler était un bon vivant, toujours bien habillé et friand de voitures de luxes. Il aimait les shows, la musique congolaise, notamment le n’dombolo et la rumba dont il était l’ambassadeur en Côte d’Ivoire.
Il était le parrain de plusieurs artistes. HamBak avait une très bonne réputation auprès de la jeunesse ivoirienne,qui l'avait surnommé "Golden Boy".
Une liste qui s’allonge
Avec le décès d'Hamed Bakayoko, après ceux du Premier ministre Amadou Gbon Coulibaly, du président du Conseil économique et social Charles Koffi Diby et celui du ministre de la Décentralisation Sidiki Diakité, les Ivoiriens s’interrogent.
"C’est vraiment effrayant. Ça donne à se poser des questions. Est-ce un châtiment divin ? Qu’est ce qui se passe dans notre pays ? On n’a jamais vu autant de morts, de malades au niveau des instances dirigeantes", s'interroge un jeune ivoirien.
La même question, un autre Ivoirien aussi se la pose : "Qu’est ce qui se passe ? Pourquoi tant de morts et de malades ? Est-ce la sentence de Dieu qui s’abat sur la Côte d’Ivoire, sur nos hommes politiques ? Est-ce la rébellion qui bouffe ses enfants ? Vraiment c’est effrayant. C’est vraiment effrayant."
Ces dernières semaines, le nom du Premier ministre Hamed Bakayoko a été régulièrement cité dans des affaires de trafic de drogue et il a parfois même été accusé d’être le parrain des jeunes délinquants appelés les ‘’microbes’’ qui sévissent dans le pays, notamment à Abidjan.