Le poids de l'Histoire
7 mars 2014Le président allemand a définitivement rejeté au nom de l'Allemagne les demandes de réparations d'Athènes pour les crimes commis pendant la période nazie. Die Welt estime que Joachim Gauck a eu raison de dire « non ». Tout le monde est d'accord pour dénoncer les torts de l'occupation allemande. Et il est également vrai que la Seconde Guerre mondiale a laissé des souvenirs douloureux et encore très vifs chez de nombreux Grecs. Néanmoins, le refus d'accorder des réparations officielles, 70 ans après la guerre, est justifié. Les États ne peuvent pas éternellement avoir à rendre des comptes, estime le quotidien.
Les relations entre l'Allemagne et la Grèce sont encore très marquées par le passé, souligne la Süddeutsche Zeitung. Dans ce pays, les massacres perpétrés par les nazis sont toujours très présents. C'est pourquoi les gens n'ont pas vraiment apprécié le refus du président allemand d'accorder des réparations. Même si le droit international lui donne raison, l'Allemagne pourrait peut-être faire un geste en faveur des victimes grecques du nazisme, propose le journal qui suggère également aux Allemands de se comporter de façon moins arrogante lorsqu'ils parlent de la Grèce et de la crise financière.
Preuve que le passé, même lointain, peut encore marquer le présent : la Frankfurter Allgemeine Zeitung s'interroge, à propos de l'Ukraine, sur une possible répétition des événements de... 1914 ! Il y a quelques semaines, écrit le journal, on abordait le centenaire de la Première Guerre mondiale en soulignant le contraste entre l'« Europe unie » d'aujourd'hui et celle, divisée, d'hier. Mais les récents événements en Ukraine montrent que le vieux continent n'est toujours pas à l'abri des conflits armés. Une suite d'événements malheureux pourrait-elle, comme en 1914, entraîner l'Europe et le monde dans une nouvelle guerre ? C'est peu probable, étant donné les mécanismes de gestion de crise développés depuis un demi-siècle, mais si Poutine continue de miser sur la force pour atteindre ses objectifs, l'Ukraine risque de payer cher le prix de la paix.
Vladimir Poutine n'a aucun scrupule, constate die tageszeitung. Référendum ou pas, l'annexion de la Crimée est déjà accomplie. Et si par hasard le vote rejetait le rattachement de la région autonome à la Russie, les baïonnettes aideraient à l'imposer. Ce que les habitants de la Crimée n'ont pas l'air de comprendre, c'est que leur rattachement à la Russie signifierait la fin de leur autonomie. Le Kremlin ne la tolèrerait pas.