Le point sur la situation au Zimbabwe
15 novembre 2017Jusque là, tout semble très confus à Harare. Des soldats occupent toujours les points stratégiques de la capitale. Tout accès au Parlement, au siège du parti au pouvoir, la Zanu-PF, la Cour suprême et le bureau du président Mugabe est barré par des véhicules blindés.
Un danger apparent d'une prise de pouvoir
Tout semble être parti d'un conflit ouvert entre le chef de l'armée et le chef de l'Etat, et ce après le limogeage la semaine dernière du vice-président Emmerson Mnangagwa, longtemps présenté comme le dauphin de Robert Mugabe et proche des milieux militaires.
A l'heure actuelle, le président Robert Mugabe est toujours retenu à son domicile par les militaires. Même si l'armée affirme que ce n'est pas un coup d'Etat, le président du parti d'opposition démocratique du Zimbabwe Tendai Biti, n'y croit pas. "Il y a eu de nombreuses crises qui ont toutes convergé vers un seul point. A savoir, la crise économique, sociale, crise de de confiance envers l'Etat et la crise politique au cœur de laquelle se trouve le président Mugabe, ainsi que toutes les questions concernant sa succession. Il y a un danger apparent d'une prise de pouvoir", selon l'ancien Ministre des Finances.
La goutte d'eau qui a fait déborder le vase
Robert Mugabe était un homme respecté, un héros de l'indépendance de son pays, selon le politologue burkinabé Serge Theophile Balimba. Malheureusement pour lui, il a été rattrapé par son règne illimité et sans partage : "Non seulement la longévité mais aussi les dérives de son pouvoir. Parce que ça devient une patrimonialisation du pouvoir d'Etat au point qu'il nomme et défait qui il veut. Et aujourd'hui il cherche à préparer sa femme pour lui succéder, ce n'est pas possible. Même dans une monarchie, ça ne se fait pas. Je crois que c'est la goutte d'eau qui a fait déborder le vase. Trop c'est trop. Nul ne peut le défendre aujourd'hui", estime Baimba.
L'Afrique du Sud et l'Union Européenne appellent au dialogue
Très préoccupé par la situation, le président sud-africain Zuma a dépêché, au nom du bloc régional de la SADEC, qu'il préside, deux envoyés spéciaux pour qu'ils rencontrent le président Mugabe et des responsables militaires.
L'Union européenne s'est dite préoccupée également par la situation et a appelé au "dialogue" en vue d'une "résolution pacifique" de la crise.
A la tête d'un régime autoritaire et répressif depuis trente-sept ans, Mugabe a déjà été investi par la Zanu-PF pour la présidentielle de 2018, malgré son âge et sa santé fragile. Sous son régime, le Zimbabwe s'est considérablement appauvri, et traverse aujourd'hui une grave crise économique et financière, marquée par un chômage de masse et le retour d'une forte inflation.