Le prix de la liberté...
25 avril 2012C'est la Cour Européenne des Droits de l'Homme qui a mis fin il y a trois ans au chaos juridique qui régnait dans le domaine de la détention de sûreté, explique la Frankfurter Rundschau. Pourtant, une question se pose. Le tribunal de Karlsruhe accorde à ces criminels ayant purgé leur peine mais étant restés emprisonnés pendant des années illégalement un montant de 500 euros par mois de détention abusive. C'est minable. La loi prévoit un dédommagement de 25 euros par jour à toute personne victime d'une détention abusive. La liberté d'un ex-criminel a-t-elle moins de prix que celle d'une autre personne ? interroge le quotidien.
Que les choses soient claires, argumente aussi die tageszeitung. Il ne s'agit pas ici de dédommager des criminels pour les peines subies. Ils ont tous effectué les 15 ans de prison, plus les 10 années de détention de sûreté légales. La tribunal les dédommage pour les 8 à 12 ans supplémentaires passés illégalement derrière les barreaux. On imagine alors sans peine ce que cela représente. Et les 500 euros par mois pour la détention arbitraire subie ne sont pas vraiment beaucoup.
Arbitraire, la détention de Julia Timochenko, leader de l'opposition ukrainienne et ancienne égérie de la Révolution orange, l'est sans doute, explique la Süddeutsche Zeitung. Et sa méfiance envers les médecins de sa prison est justifiée. Son ancien Ministre de l'Intérieur, Youri Luzenko, emprisonné en bonne santé, souffre désormais d'une cirrhose. Son ancien partenaire de la Révolution orange, Victor Ioutchenko, a été empoisonné à la dioxine. Emprisonnée pour sept ans à la suite d'un procès considéré comme une farce politique par tous les Etats qui envoient leurs équipes nationales disputer la Coupe d'Europe de Football en Ukraine, sa grève de la faim est maintenant un appel à l'aide supplémentaire.
Il est rare qu'en Europe, un chef de gouvernement librement élu soit emprisonné après sa démission, lance la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Dans le cas de Julia Timochenko, l'Europe affronte un dilemme : les états de l'est de l'Europe veulent maintenir les liens avec Kiev pour ne pas que l'Ukraine retombe dans la sphère d'influence de Moscou. L'Europe de son côté, ne serait-ce que pour conserver sa crédibilité, ne doit pas rester sans réagir aux provocations de Victor Jakunowitch, le nouveau maître de l'Ukraine. Berlin étudie déjà des sanctions individuelles et il est bon que l'Allemagne se concerte ici avec Washington et Varsovie, conclut le quotidien.
Auteur : Christophe Lascombes
Édition : Fréjus Quenum