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Le président allemand: une "autorité sans pouvoir"

Anne Le Touzé18 juin 2008

Les journaux commentent le retour de la France dans le commandement intégré de l'OTAN, annoncé hier par le président français Nicolas Sarkozy, et le discours à la nation de son homologue allemand Horst Köhler.

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Dans son discours annuel, le président Horst Köhler a appelé les Allemands à poursuivre les réformes et à moderniser le pays.Image : picture-alliance/ dpa

En décidant de moderniser son armée, écrit Die Welt, la France tourne définitivement la page de la Guerre Froide. Mais avec le nouveau Livre Blanc sur la défense, ce sont également les principes gaullistes de politique étrangère qui partent dans la poubelle de l'Histoire. Nicolas Sarkozy, poursuit le journal, veut rompre avec le passé: il n'entend pas seulement réintégrer la France dans le commandement de l'Otan, mais également associer les défenses européenne et transatlantique.

Frankreich Präsident Nicolas Sarkozy zur Verteidigung
Nicolas Sarkozy, lors de la présentation du Livre blanc sur la défense qui définit les objectifs de l'armée française.Image : AP

La Frankfurter Allgemeine Zeitung explique que malgré les nouvelles menaces que représentent le terrorisme international et la prolifération nucléaire, le budget militaire français n'a pas évolué. La modernisation de l'armée va donc de pair avec une rationalisation : moins de soldats, mais des équipements à la pointe de la technologie. Ce que relève particulièrement le quotidien, c'est que la présence française en Afrique, symbole coûteux d'une puissance décatie, va être considérablement réduite.

La FAZ analyse par ailleurs le "discours de Berlin" adressé hier par le président Horst Köhler aux citoyens allemands. Un discours qui a été très suivi, et selon le journal ce n'est pas tant pour son contenu qu'en raison du contexte qui l'entoure: on ne sait pas combien d'allocutions de ce genre le président Köhler pourra encore prononcer puisqu'il arrive en fin de mandat et qu'il a désormais une rivale. Qu'il le veuille ou non, estime la Frankfurter Allgemeine Zeitung, ce n'est pas le président qui a parlé hier, mais le candidat à sa propre succession.

Kombo Deutschland Bundespräsident Horst Köhler und Gesine Schwan
Gesine Schwan, candidate sociale-démocrate, se présente face à Horst Köhler pour le prochain mandat présidentiel.Image : AP

La tageszeitung estime de son côté que le président n'a voulu faire de tort à personne. Il a, ainsi, à la fois condamné avec des mots passionnés un système éducatif qui laisserait des enfants sur le bord de la route, mais sans lâcher une seule critique envers les défaillances du système scolaire allemand. De même, si Horst Köhler a souligné la chance que représente la baisse du chômage, il n'a pas précisé que l'explosion du secteur de bas salaires en était le prix à payer. Quand il se mêle de politique, conclut le journal, le président fédéral est une autorité sans pouvoir. Il aurait été pourtant son devoir de nommer clairement le prix du progrès et du changement, au lieu de minimiser son impact.

On termine par la Süddeutsche Zeitung, qui commente elle aussi l'allocution présidentielle, avec ces mots: "Finalement, tout ce qu'a revendiqué Horst Köhler est juste. Mais il ne parvient pas à se démarquer du discours général. La voix du président est donc celle de la raison, mais elle est une voix parmi d'autres." Le journal de Munich publie par ailleurs une caricature assez réussie de la crise européenne provoquée par le "non" irlandais au Traité de Lisbonne: on y voit un train "Union européenne Express" arrêté sur la voie par un voyageur, l'Irlande, tranquillement assis sur sa valise. Les conducteurs du train, Nicolas Sarkozy, Angela Merkel et quelques autres, appellent au secours: "il nous faut d'urgence un médecin, les pompiers, la police, une dépanneuse. Et puis aussi une boussole, des objectifs, des aiguilleurs, des coachs de motivation, de confiance en soi, des forces de persuasion, des psychiatres, et, et, et..."