Le riz nigérian, victime de la fermeture des frontières
24 octobre 2019Comfort Eze, ménagère venue s'approvisionner est en colère : impossible de trouver du riz sur les étales des revendeurs : "Notre riz local est en rupture de stock, pareil pour le riz importé. On veut nous tuer ou bien ? La faim tue."
Stella Okon, une autre consommatrice, s'interroge, elle, sur la hausse du prix riz local : "Comment comprendre que notre riz local se vend a plus de 19.000 nairas, un riz de chez nous ! De surcroît, il n est pas bon parce qu'il n'y a pas assez de cailloux dans le riz. Je ne sais pas comment Buhari va nous aider!"
Pour David Uche, vendeur de riz au marché de Tejuoso de Lagos, la hausse du prix du riz local et importé a poussé les consommateurs à abandonner le riz pour l'eba, un plat à base de farine de manioc : "Les consommateurs n'arrivent plus à acheter le riz à cause du prix. Les gens ont même changé leur alimentation, ils préfèrent consommer de l'eba, ça coûte moins cher."
Appel au gouvernement
Rita Okoli, la présidente des consommateurs de Lagos, demande aux autorités d'augmenter la production du riz local pour réduire son prix : "Ils doivent produire en quantité le riz local pour être moins cher. Si la production n'est pas en grand nombre, le prix ne sera pas réduit. Le cas échéant, qu'ils ouvrent les frontières pour nous aider à acheter le riz importé, le riz acheté à la frontière coûte moins cher que le riz local."
Le Nigeria consomme 7 millions de tonnes de riz par an, et produit que 4 millions de tonnes. A en croire Sophia Okowia, spécialiste en sécurité alimentaire au ministère de l'Agriculture, le déficit de la consommation du riz local sera bientôt comblé :
"Le sol nigérian a la capacité de produire le riz qui pourrait satisfaire la demande en riz local de la population même si présentement, il y a un déficit. Je demande aux Nigérians d'être patients et que très bientôt, on produira un riz local de qualité et que nous serions en mesure d'exporter aussi."
Pour l'heure, Abuja n'a pas l'intention de revenir sur sa décision de fermer les frontières et ce, en dépit des menaces du Ghana de boycotter les produits nigérians.