Le Rwanda accueille des réfugiés burundais venus de RDC
12 mars 2018A Kamanyola d’où les réfugiés sont partis, le camp est toujours sécurisé. Les langues se délient sur le fait que certains Congolais qui partagent la même croyance religieuse avec les réfugiés de la secte d’Euzebiya auraient choisi de les suivre au Rwanda.
Au camp de transit de Kamanyola qui hébergeait les demandeurs d’asile burundais de la secte Euzebiya, tout est vide. Les occupants ont déserté le lieu depuis le 7 mars, en emportant tout ce qu’ils pouvaient, y compris leurs troupeaux.
Sur place, la police congolaise et les casques bleus des Nations unies montent la garde. Il y règne un silence pesant, des bâches sont à moitié démontées et les ustensiles de cuisine ainsi que d’autres biens y sont abandonnés.
"Nous avons été surpris. Nous étions dans le quartier et tout d’un coup, nous avons su que les réfugiés sont en train d’emballer leurs affaires. Nous sommes allés voir, c’était un mouvement inhabituel. Cela a créé de la panique. Les enfants, les bagages, les bidons, les chèvres. Franchement c’était une alerte. La police était là, la MONUSCO escortait les Burundais et la population venait les saluer en leur souhaitant d’aller en paix", explique le président de la jeunesse de Kamanyola, Maître Norbert Yajuwamungu.
Certains réfugiés appartiennent à la secte Euzebiya
Cela fait plus de deux ans que ces réfugiés vivaient à Kamanyola et peu à peu certains habitants, particulièrement les femmes, sont apparemment devenus adeptes de la secte d’Euzebiya à laquelle appartiennent certains réfugiés burundais.
Le rapporteur adjoint du bureau de coordination de la société civile au Sud-Kivu, Christian Zihindula, s’étonne que des Congolais se soient constitués en refugiés au Rwanda au nom de la foi en cette secte.
"Que certains adeptes locaux de la secte d’Euzebiya décident de les suivre au Rwanda ? On se pose des questions ! Si cette secte était une bonne secte pourquoi elle n’a pas laissé une succursale avec des Congolais en RDC ? Cela nécessite des actions de monitoring au niveau de la société civile pour découvrir ce qui a poussé ces Congolais à partir au Rwanda en tant que refugiés", déplore Mr. Zihindula.
L'insécurité parmi les causes du départ
A Bugarama, dans le district de la Rusizi, où les réfugiés ont été accueillis par les officiels rwandais et le HCR, le 8 mars, les autorités sont en pleine opération d’identification et de transfert vers le camp de Nyarushishi, dans la province de l’ouest du Rwanda.
Une source de l’immigration rwandaise ajoute que d’autres réfugiés pourraient être emmenés au camp de Nyagatare. A la question de savoir pourquoi ils ont quitté le Congo, Dionise Nyandwe, un membre influent du comité des réfugiés, évoque des raisons sécuritaires.
Celui-ci en profite pour rappeler que depuis janvier 2018 ils n'auraient plus eu d’appui humanitaire à Kamanyola. Une autre raison souvent avancée est le présumé refus des réfugiés appartenant à la secte Euzebiya de se faire identifier biométriquement.
Les demandeurs d’asile burundais de la secte Euzebiya sont arrivés à Kamanyola en 2015, à la suite de l’instabilité politique dans leur pays.
D'après certaines informations, "Euzebiya" a été créé à la suite d'une dissidence au sein de l'Eglise catholique du Burundi. La direction du groupe serait depuis lors, vue d'un mauvais oeil, et de la part des autorités burundaises, et de la part de l'Eglise catholique. Les membres du groupe "Euzebiya" se distinguent par leur préférence pour une alimentation naturelle (légumes frais) plutôt que de la nourriture en conserve.