Le spectre d'un coup de force sur le Burundi
11 juillet 2015Après quelques heures de confusion, les auteurs de la tentative avaient annoncé leur reddition et confirmé l'échec de leur action. Si certains parmi eux ont été arrêtés, d'autres sont en liberté, dont le meneur du coup, le Général Godefroid Niyombare ancien chef du service des renseignements. Récemment un de ses bras droits est monté au créneau et a menacé le pouvoir de Bujumbura.
Réaction immédiate du pouvoir
La menace venant du général Léonard Ngendakumana dans une interview télévisée a été visiblement bien entendue par le régime de Pierre Nkurunziza. Dans la même foulée, le porte parole de la présidence a réagi. "Quiconque menace la sécurité du Burundi aura affaire à nos forces de défense et de sécurité" a martelé Gervais Abayeho.
Léonard Ngendakumana est commissaire de police et a été limogé l'an dernier de son poste de chef de cabinet au service national de renseignement. C'est lui et d'autres officiers de l'armée et de la police burundaise qui ont tenté le coup du 13 mai, affirmant vouloir aider le peuple à rejeter un troisième mandat du Président Pierre Nkurunziza. Mais à en croire Onésime Nduwimana, un dissident du parti présidentiel CNDD FDD, une prise du pouvoir par la force reste possible et passera alors par le peuple burundais lui-même :
«S'il (Pierre Nkurunziza, NDLR) ne veut pas quitter par le dialogue et la volonté de la loi, il risque de quitter par les armes, malheureusement. Personne de l'extérieur, ne va attaquer le Burundi, personne ne va attaquer son armée, personne ne va attaquer sa police, personne ne va attaquer sa population, c'est ce peuple même qui doit se lever pour rester dans la légalité.»
Le sort des putschistes arrêtés le 13 mai
Deux mois après le putsch manqué, les officiers qui ont échoué dans les mailles du filet du régime sont toujours en détention provisoire. Maître Onésime Kabayaba est chargé de la défense de deux d'entre eux. Il n'est pas sûr qu'un procès aura lieu de si tôt :
«Malheureusement la justice au Burundi n'est pas une affaire des juges. C'est le gouvernement qui juge et c'est le gouvernement qui donne les directives. C'est pourquoi, on ne peut pas comprendre comment des gens passent deux mois en détention sans qu'ils ne comparaissent en chambre de conseil !»
Le 13 mai, jour de la tentative de putsch, le président Nkurunziza se trouvait en Tanzanie où il devait participer à un sommet de la communauté des Etats de l'Afrique de l'Est. Preuve que la méfiance est désormais de mise dans le camp au pouvoir, le président Nkurunziza ne s'est plus jamais hasardé hors du pays. Les derniers sommets régionaux organisés sur la crise dans son pays l'ont été sans lui. Et le jour de la fête nationale du Burundi, il était apparu protégé par une vitre blindée.
Climat d'insécurité extrême
Des combats opposent depuis quelques jours l'armée burundaise et un groupe armé qui serait constitué par les officiers putschistes du 13 mai et d'autres éléments recrutés par eux. Vendredi 10 juillet, des combats ont éclaté dans une zone forestière du nord du Burundi, près de la frontière rwandaise. Le secteur de Rugazi, dans la province septentrionale de Kayanza, est situé à une centaine de kilomètres au nord de Bujumbura. Il se trouve à la jonction de la forêt de la Kibira, côté burundais, et de celle de Nyungwe, côté rwandais. A Bujumbura la capitale, des explosions de grenades continuent de faire des victimes.
Enfin, aux dernières nouvelles, l'élection présidentielle au Burundi a été reportée au mardi 21 juillet d'après une annonce faite ce samedi par le porte parole de la présidence Gervais Abayeho cité par l'agence de presse Reuters. Le scrutin était précédemment fixé au 15 juillet. L'opposition maintient son mot d'ordre de boycott.