Les chemins de la démocratie: les conférences nationales
14 février 2019C'est le Bénin qui donne le coup d'envoi, en février 1990, avec la mise en place d'une Conférence nationale. Le paradoxe, c'est qu'elle est initiée par le président autoritaire Mathieu Kérékou.
Les caisses de l'Etat sont vides. Le président est pris en étau par des vagues de grèves des fonctionnaires impayés et les manifestations d'une population qui veut que son quotidien s'améliore.
L'URSS s'effrite
Or les institutions internationales comme le FMI posent des conditions à leur soutien. L'alliée du Bénin marxiste-léniniste, l'Union soviétique, est en train de se déliter et Moscou ne se soucie guère de prêter assistance au régime Kérékou contesté.
Mathieu Kérékou accepte les résultats de la conférence qui abroge la Constitution en vigueur, instaure une transition démocratique et convoque une assemblée constituante. Il déclare dans son discours de clôture des travaux : "Le renouveau démocratique qui vient d'être consacré au niveau de la Conférence nationale ouvre la voie d'une nouvelle légitimité dans notre pays, le Bénin."
Le discours de la Baule
Dans son discours de La Baule du 20 juin 1990, François Mitterrand, alors le chef de l'Etat français, pose pour la première fois, lors d'un sommet qui réunit 37 de ses homologues africains, des conditions à son aide à l'Afrique : la démocratisation et des critères de "bonne gouvernance".
L'exemple béninois fait des émules au Gabon (27 mars au 19 avril 1990), au Congo (25 février au 10 juin 1991), au Niger (29 juillet au 3 novembre 1991), au Mali (29 juillet au 12 août 1991), au Togo (10 juillet au 28 août 1991), au Zaïre (du 7 août 1991 au 6 décembre 1992) et au Tchad (du 15 janvier au 6 avril 1993).
Cet extrait d'une allocution de Wadel Abdelkader Kamougué, participant à la conférence tchadienne, est révélateur du ton de l'époque :
"Nous sommes venus dans cette salle, à cette conférence, pour livrer notre réflexion par rapport à notre attitude d'acteurs. Tous les problèmes seront évoqués : le problème du bilinguisme, le problème de la forme de l'Etat, le problème de l'opposition nord-sud, le problème de l'opposition chrétiens-musulmans, le problème de l'ingérence extérieure… tous ces problèmes seront évoqués. Par conséquent nous n'avons pas peur."
Les constitutions qui voient le jour renouvellent les institutions, introduisent le multipartisme, garantissent de nouveaux droits fondamentaux.
Mais elles mettent de côté les tenants des anciens régimes ou des franges de l'opposition.
Les acteurs de la transition instrumentalisent souvent ces phases pour garder le pouvoir ou le conquérir.
La démocratisation passe au second plan.