Les enfants pygmées privés d'école
14 décembre 2018Au Congo-Brazzaville, les enfants pygmées qui réussissent à boucler un cursus scolaire complet deviennent un modèle pour leur communauté, mais ils restent des exceptions.
Car malgré leur envie d'aller à l'école, de nombreux enfants pygmées n'y accèdent pas à cause de la stigmatisation qu'ils subissent de la part des autres enfants bantous, mais aussi parce que leurs parents manquent d'argent pour payer les frais de scolarisation.
Jacob, élève du village Attention, situé dans le département de la Sangha, a débuté le premier trimestre en classe de 5e au collège. Mais il a dû vite arrêter, faute de soutien financier. « Je n'avais personne pour me donner quelque chose à manger pour l'école, explique Jacob. Et je mangeais chez des amis, cela m'a gêné et découragé pour continuer mes études. J'ai alors dû quitter l'école pour retourner au village. »
Dans les villages, plusieurs familles autochtones se battent pour mettre leurs enfants à l'école, même avec peu de moyens. C'est le cas de Nicole, dont le mari supporte financièrement la scolarisation de leurs quatre enfants. « J'ai inscrit mes enfants à l'école pour qu'ils deviennent des gens valeureux, qu'ils sachent lire et écrire comme les enfants bantous, témoigne cette mère de famille. Malgré les difficultés financières, on se bat pour qu'ils ne soient pas exclus. Cela nous fait vraiment plaisir. »
Heureusement, il y a toujours ceux qui réussissent malgré les conditions incertaines. Urbaine Gozim de Sembe a obtenu son baccalauréat et se voit comme un modèle pour les autres. « Nous étions une vingtaine au départ, nombreux sont ceux qui ont lâché, affirme Urbaine. Quand ils me voient aujourd'hui, ils ont un peu de regret. Je pense qu'un jour, nous pousserons massivement nos enfants à aller à l'école parce que je représente un bon exemple pour les populations autochtones du département. »
Les autorités ont mis en place une politique de brassage dans les écoles pour que les enfants autochtones suivent régulièrement leurs cours. Les organisations de la société civile, comme l'Observatoire congolais des droits de l’Homme, plaident pour que les pygmées jouissent pleinement de leur droit à l'éducation.