Les faux médicaments, un fléau pour l'Afrique
15 octobre 2018Cet anti-palu avait tout l'air du médicament fiable… pourtant, c'est une contrefaçon. La dose qu'il contient de quinine, à la base du traitement anti-malaria, est insuffisante.
Des faux médicaments comme celui-ci, détecté par le pharmacien Richard Necci, en République démocratique du Congo, pullulent sur tout le continent. Plus de 40 pourcent des médicaments en circulation en Afrique sont falsifiés.
"Je crois qu'en Afrique, et notamment en RDC, se développe un marché privé, et c'est un marché très dangereux", s'inquiète Richard Necci.
"Et le grand problème, c'est qu'il y a des ruptures de stock qui poussent les hôpitaux à aller s'approvisionner dans les marchés privés, où il y a tous les risques de trouver ces produits contrefaits."
La lutte s'organise
Pour lutter contre ce fléau, des mini-laboratoires, de la taille d'une valise, se multiplient sur le continent africain. Ils permettent d'analyser la composition des médicaments.
Autre outil de riposte : la mise en place, depuis 2013 par l'Organisation mondiale de la Santé, d'un système de surveillance et suivi de ce trafic illicite.
"L'une des choses qu'on essaie de renforcer, c'est la surveillance des médicaments une fois qu'ils sont sur le marché, au sein des autorités nationales de réglementation des médicaments", explique Diana Lee, membre de l'équipe chargée des produits médicaux falsifiés.
"A travers le renforcement de ces processus, on espère que les pays auront davantage la capacité de détecter et d'agir contre les médicaments falsifiés ou de qualité inférieure" , raconte-t-elle.
Pour que le système gagne en efficacité, il faut toutefois que les gouvernements s'impliquent, souligne Richard Necci, qui dénonce l'inefficacité des autorités de contrôle.
Le problème des frontières poreuses
Les frontières, par lesquelles transitent ces marchandises, souvent venues d'Inde ou de Chine, restent trop perméables.
"Il y a des millions de fonds investis dans le système de santé, mais on oublie qu'il faut protéger le système", souligne l'expert. "Et le point de départ, ce sont les inspecteurs qui sont chargés de faire la surveillance du marché. Ce sont ces services qui ne sont pas appuyés."
Le mois dernier, lors de l'Assemblée générale des Nations unies à New York, les chefs d'Etat de cinq pays africains - Bénin, Namibie, Kenya, Rwanda et Zambie - ont annoncé vouloir s'engager davantage dans la lutte contre le trafic des faux médicaments.
Réunis au Sommet mondial de la santé qui a lieu jusqu'à mardi (16 octobre 2018) à Berlin, les professionnels de la santé qui travaillent sur le continent africain ont eux aussi appelé à davantage d'engagement des dirigeants politiques dans cette lutte.