Les Guinéens craintifs à l'approche d'un vote jumelé
27 février 2020Alors que l'échéance électorale très redoutée est maintenue pour le dimanche (01.03.2020) en Guinée, l'Onu élève la voix concernant. La Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'Homme appelle ce jeudi (27.02.2020) à des élections "transparentes".
Michelle Bachelet demande d'éviter des "troubles supplémentaires". Elle a rappelé que les manifestations ont déjà donné lieu "à des dizaines de morts".
Une prise de parole alors que de nouvelles manifestations étaient annoncées et que l'inquiétude liée à des possibles violences se fait de plus en plus sentir dans la population.
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Des Guinéens redoutent la répression de l'armée
Certains citoyens interrogés disent ne pas comprendre que le pouvoir maintienne le référendum qui est vu comme une manoeuvre visant à permettre au président Alpha Condé de briguer un troisième mandat à la fin de l'année.
"A mon avis, le jumelage du référendum avec les élections législatives n'est pas du tout une bonne chose. On n'est pas habitué à cela. La non participation de l'opposition est aussi anormale. Dans un pays, une élection ne devrait pas avoir lieu sans les opposants. Si ça se fait comme ça, on risque d'avoir un problème qui va nous faire souffrir ici en Guinée", affirme un Guinéen de la capitale Conakry.
"Moi, les élections couplées ne me convainquent pas. Je crains des violences. J'ai un peu peur, parce que, une fois que l'armée est réquisitionnée, c'est la mort qui s'en suit", renchérit un autre Guinéen.
Une majorité de voix critiques
"J'interviens en tant qu'un citoyen écoeuré, écoeuré parce que la Guinée ne mérite cela. Nous sommes entre Guinéens. En principe ce qui arrive où ce qui se profile à l'horizon ne devrait pas arriver. Mais j'en appelle à la retenue des uns et autres. Nous craignons fortement des violences dans la mesure où de part et d'autre il y a des tensions, dès lors que l'armée est déjà déployée sur le terrain", affirme une personne visiblement déçue.
"Moi je pense que les élections se feront. La population n'a qu'à se calmer pour qu'on puisse voir la réalité. C'est eux qui ont le pouvoir, c'est eux qui savent comment ils vont faire pour que des violences ne soient pas enregistrées", martèle cette seule voix favorable au pouvoir.
"Cette élection-ci n'est pas comme celles auxquelles ont était habitué. Il y a peu d'engouement et en plus avec le retrait des grands ténors de l'opposition, on a l'impression d'avoir à faire avec une sélection et non une élection. Bon, je pense qu'il faut aller aux élections parce que là, c'est la voix du peuple qui compte en démocratie. Mais le fait que l'armée soit réquisitionnée veut dire simplement que c'est une élection à risque", affirme craintif cet autre Guinéen.