Les indépendantistes camerounais campent sur leur position
19 décembre 2019Si le projet de loi est approuvé par le Sénat, les deux régions anglophones en crise au Cameroun seront désormais autorisées à élaborer des politiques publiques, notamment dans les domaines de l'éducation et de la justice.
Toutefois, cette recommandation est considérée comme étant très en deçà des attentes des fédéralistes (plus modérés) et celles des indépendantistes. Ceux-ci rejettent le projet de loi et affirment rester sur leur position de départ, c'est-à-dire l'obtention de l'indépendance et la proclamation d'un nouvel Etat, l'Ambazonie.
"Nous n'acceptons pas de statut spécial", réagit Dabney Yerima, vice-président de l'Etat fictif d'Ambazonie pour qui le président "Paul Biya n'a aucun droit pour prétendre nous accorder un statut spécial. Nous sommes en train de lutter pour notre indépendance et c'est cela ou rien. Le statut particulier est un jeu de la République du Cameroun. Nous n'acceptons pas cela et nous comptons lutter contre Yaoundé. La guerre continuera jusqu'à ce que nous obtenions notre indépendance".
Lourd bilan
Fin 2017, une partie des indépendantistes a pris les armes. Depuis, les combats continuent entre l'armée nationale et ces groupes armés. Plus de 700.000 personnes ont dû fuir leur domicile selon les chiffres régulièrement publiés par les organisations de défense des droits de l'homme.
Même s'il émet des réserves vis-à-vis du texte adopté par les députés, le politologue Joseph Owona estime que "tant que la situation sur le terrain n'est pas maîtrisée, cela va être extrêmement problématique. Les Camerounais devraient chacun à leur niveau respectif œuvrer à ce que le contenu de ce statut spécial soit mis en oeuvre". L'expert souhaite également "que ce statut spécial permette que l'ordre se rétablisse de manière progressive et définitive et que la vie reprenne son cours" parce que "ça urge", prévient-il.
Les responsables de l'Etat fictif d'Ambazonie disent pour leur part vouloir un retour à la paix mais à une seule condition.
"La seule chose que Paul Biya peut faire", suggère Dabney Yerima le vice-président de l'Etat fictif d'Ambazonie, "c'est de venir à la table de dialogue avec nous pour parler de l'avenir du pays".
"Mais s'il refuse, nous allons continuer à résister", insiste-t-il.
Des élections législatives doivent se tenir au Cameroun en février 2020 mais les deux principaux partis d'opposition (MRC et SDF) ont annoncé leur intention de boycotter le scrutin, rendu peu crédible à leurs yeux du fait des combats dans ces deux régions.