Les jeunes africains espèrent du changement en politique
2 janvier 2018Aucun continent n'est aussi jeune que l'Afrique. Et pourtant les jeunes du continent ont rarement leur place en politique. Le président camerounais Paul Biya a 85 ans, son homologue guinéen Alpha Condé 80. Et à 75 ans, le nouveau chef de l'État zimbabwéen Emmerson Mnangagwa s'inscrit lui aussi dans la lignée des vieux dirigeants. "Dans les pays africains en général, le fossé entre l'âge des dirigeants et l'âge moyen de la population est important, plus important qu'ailleurs, puisque la population est très jeune", constate d'ailleurs Zachariah Mampilly, professeur d'études africaines de l'Université de Vasser aux États-Unis. "Mais il ne semble pas qu'il y ait de réelle volonté de transférer plus de responsabilités aux jeunes".
Des jeunes s'engagent
Au sein de la jeunesse africaine, certains espèrent pourtant amener par eux-mêmes le changement. C'est le cas par exemple de la jeune activiste zimbabwéenne Linda Masarire, révoltée par les conditions de vie des jeunes de son pays. "Il y a des gens qui ont 35, 40 ans qui n'ont jamais travaillé de leur vie, qui n'ont jamais reçu de fiche de paie, qui n'ont pas de protection sociale", s'insurge-t-elle. Linda Masarire va se présenter comme candidate indépendante aux élections législatives de septembre prochain au Zimbabwe, et veut créer un parti des jeunes.
La jeune fille ne se fait pour autant pas trop d'illusions sur la volonté des jeunes de s'engager au sein des structures de représentation politique traditionnelles. "Il y a énormément de violences au sein de nos partis politiques, au Zimbabwe, que ce soit dans l'opposition ou dans le parti au pouvoir. La plupart des jeunes n'acceptent pas de jouer le jeu." Mais ça ne veut pas dire que les jeunes Africains ont renoncé à militer pour le changement. "Ils ne sont pas apathiques", explique Job Shipululo Amupand, ancien chef de la Ligue des jeunes du parti SWAPO, au pouvoir en Namibie. "Ils cherchent de nouvelles voies pour se faire entendre, en manifestant par exemple".
L'Union africaine a reconnu le problème récemment, au moins sur le papier. C'est cette année 2018 que doit s'achever la décennie africaine de la jeunesse. Les jeunes activistes espèrent maintenant un vrai changement.