Les Khmers rouges enfin inculpés de génocide
18 décembre 2009L'inculpation de Khieu Samphan est un symbole important dans le travail de mémoire et de poursuite des anciens criminels Khmer rouges, un travail qui est conduit depuis 2006 avec ce tribunal spécial mis en place sous le contrôle des Nations Unies. Khieu Samphan n'est pas n'importe qui, c'est l'ancien président du Kampuchéa démocratique : c'est ainsi que les Khmers rouges, en arrivant au pouvoir en 1976, avaient rebaptisé le Cambodge. Khieu Samphan a été inculpé donc de génocide ce qui est en soi une nouveauté car le massacre de deux millions de Cambodgiens en quatre années de terreur khmer (1975-1979) n'est pas considéré par l'ONU comme un génocide car il n'y avait pas l'intention de s'en prendre à un groupe ethnique, racial ou bien religieux en particulier.
Mais dans le catalogue de l'horreur khmer, il y a deux cas qui rentrent tout à fait dans la définition du génocide : la tentative d'exterminer la minorité musulmane Cham et aussi celle qui a visé les Vietnamiens qui vivaient au Cambodge et qui ont toujours été considéré par les Khmers comme des ennemis historiques. C'est donc sur ces deux faits que Khieu Samphan a été inculpé de génocide.
Quatre derniers dirigeants Khmers
Mais Khieu Samphan n'est pas le seul à avoir été inculpé, il rejoint d'autres dirigeants Khmers qui devront aussi répondre du même motif de génocide. Lundi, le numéro deux de l'ancien régime Khmer, l'idéologue même de ce régime, Nuon Chea, s'est vu notifier la même charge. Mardi, cela a été le tour de l'ancien ministre des Affaires étrangères, Ieng Sary. Les trois plus hauts dirigeants Khmers encore en vie sont donc inculpés de génocide et ils devraient être jugés en 2011.
Il manque bien sûr le dictateur, Pol Pot, mort en 1998. Enfin, un quatrième dirigeant Khmer est sous les verrous. C'est Kaing Guek Eav, alias Douch, l'ancien patron de la funeste prison de Tuol Sengh à Pnom Penh. Son procès a débuté : l'accusation a réclamé 40 années de prison à son encontre et le verdict est attendu pour début 2010.
Auteur : Jean-Michel Bos
Redaction : Carine Debrabandère