Les mots pour le dire...
30 avril 2012La déclaration de la chancelière allemande qui se réserve le droit de boycotter politiquement cette manifestation sportive irrite le monde politique ukrainien, rapporte die Welt. Apparemment, Angela Merkel oublie qu'elle gouverne l'Allemagne et pas l'Ukraine, critique l'entourage du président Ianoukovitch.
De son côté, la Frankfurter Allgemeine Zeitung revient sur les critiques émises par le président russe envers Kiev et sa manière de traiter Ioulia Timochenko. Il y a deux ans, le Kremlin avait émis des critiques semblables envers la Biélorussie, un pays faisant partie de sa sphère d'influence. Mais à peine le dictateur en place avait-il accepté l'Union douanière avec la Russie et le Kazakhstan, que les critiques étaient oubliées. Même si la critique de Medvedev n'est que poudre aux yeux, elle renforce tout de même la pression sur l'Ukraine et c'est bien ainsi.
die Tageszeitung revient dans ce contexte sur le silence assourdissant de l'UEFA, la fédération européenne de football qui se justifie en affirmant qu'elle n'est pas compétente pour les questions de politique. Le seul argument pour expliquer cet immobilisme serait que la libération de Ioulia Timochenko ne transformera pas l'Ukraine en démocratie exemplaire. C'est vrai ! Mais si l'euro que l'on donne au mendiant ne résout pas les problèmes sociaux en Allemagne, il en adoucit au moins un. Dans les deux cas, celui du mendiant comme de Timochenko, il s'agit certes d'un geste symbolique, mais un geste qui a des conséquences positives pour les intéressés.
Il ne s'agit pas seulement d'une opposante, mais de la future orientation politique de l'Ukraine, analyse la Süddeutsche Zeitung. Doit-on laisser Victor Ianoukovitch retomber dans l'orbite de Moscou qui pourrait alors imposer un nouvel impérialisme reposant sur le monopole du gaz naturel ? Cela serait funeste pour l'approvisionnement énergétique de l'Allemagne et sonnerait le glas de la démocratisation de cette partie de l'Europe. L'Ukraine ne peut pas non plus se permettre de rompre avec l'Europe et encore moins avec Berlin. Les oligarques ukrainiens qui soutiennent Ianoukovitch ne veulent pas tomber sous la coupe du Kremlin et sont tributaires du transfert technologique avec l'Occident. Berlin doit donc tout faire pour soutenir le président ukrainien contre Moscou. Il faut maintenir la pression sur Ianoukovitch mais renoncer à toute déclaration publique trop brutale, conclut le quotidien de Munich.
Auteur : Christophe Lascombes
Édition : Yann Durand