Les positions de Kamala Harris et Donald Trump sur les armes
5 septembre 2024Les Etats-Unis comptent plus d'armes que d'habitants. Une statistique que l’on rappelle à chaque fois qu’une tuerie de masse se produit dans le pays. Ce mercredi (04.09), un adolescent de 14 ans a tué quatre personnes, deux élèves de son âge et deux enseignants, en ouvrant le feu dans son lycée en Géorgie. Et comme à chaque drame, le débat sur le contrôle des armes à feu resurgit.
Si les deux candidats à la présidentielle, Donald Trump et Kamala Harris, ont tous les deux dénoncé ce drame, le programme des deux prétendants à la Maison Blanche est diamétralement opposé sur le contrôle des armes à feu.
"Kamala Harris est une menace existentielle pour le deuxième amendement et soutient la confiscation des armes à feu", titre ainsi la NRA un article publié sur son site fin juillet.
La NRA roule pour Donald Trump
La NRA, la National Rifle Association, c’est le puissant lobby des armes, et dans la course à la présidentielle, elle soutient clairement Donald Trump, connu, comme la majorité des Républicains, pour être un défenseur du fameux deuxième amendement de la Constitution. Vieux de plus de deux siècles, il autorise les Américains à détenir et à porter une arme.
Si en 2020, lors du duel Trump-Biden pour la présidentielle, le programme des Républicains prévoyait de largement assouplir les règles sur le port d’armes, le programme présenté cette année est vide de propositions.
En 2020, justement, la NRA avait dépensé plus de quatre millions de dollars pour faire la publicité de Donald Trump, et plus de douze millions pour dénigrer Joe Biden, d’après The Trace, un collectif de journalistes opposés aux armes.
Le résultat, on le connaît : le Démocrate a tout de même remporté l’élection. Et - c’est là qu’on arrive à Kamala Harris – puisque Joe Biden a confié le dossier du contrôle des armes à sa vice-présidente.
Kamala Harris a ainsi été à la tête d’un nouveau bureau créé à cet effet, l’Office of Gun Violence Prevention, le bureau pour la prévention contre la violence armée.
Dans chaque Etat, des lois différentes
Ce bureau a notamment fait la promotion dans les Etat américains des Red Flag Laws, les lois "drapeau rouge" qui permettent à des civils, ou à la police, de saisir un juge pour lui demander de retirer le droit de détenir une arme à une personne qui pourrait représenter un danger.
Car, et c’est là que cela se complique, les 50 Etats fédérés ont la possibilité de durcir ou d’assouplir les règles entourant le second amendement, en imposant des permis de port d’armes, de contrôler les antécédents des acheteurs, ou encore d’interdire la vente de certains types d’armes.
"Nous, qui croyons que chaque personne devrait avoir la liberté de vivre à l'abri de la terreur de la violence armée, allons enfin adopter les Red Flag Laws, les contrôles universels des antécédents et une interdiction des fusils d'assaut", a promis Kamala Harris lors de son premier meeting électoral dans le Wisconsin en juillet.
Bannir les fusils d’assaut
Elle a depuis reçu le soutien de toutes les grandes organisations de lutte contre la violence armée, dont également "March for our Lives", un mouvement fondé par des lycéens ayant survécu à la fusillade de Parkland, en Floride, en 2018.
Kamala Harris a donc déjà promis de poursuivre l'action de Joe Biden, dont les efforts ont été majoritairement vains. Il a notamment échoué à bannir les fusils d’assaut au niveau fédéral.
Le semi-automatique AR-15, très souvent utilisé lors des tueries de masse, apparemment encore ici dans le lycée en Georgie, est le fusil le plus vendu dans le pays. Un Américain sur 20 en possède un, d’après un sondage réalisé en 2023 par le Washington Post.
Les fusils d’assaut avaient été interdits pendant dix ans, mais cette loi, votée sous Bill Clinton, a expiré en 2004 et depuis, plus aucun président démocrate n’a réussi à la rétablir, à l’image de Barack Obama, dont la fin du premier mandat avait été marquée par la tuerie de l’école primaire de Sandy Hook, lors de laquelle un forcené avait abattu 26 personnes, dont 20 enfants.
Les larmes à la télévision de l’ancien président et le choc national n’avaient pas changé la réalité politique, où trop de législateurs comptent sur le financement des lobbys pro-armes et des électeurs qui campent sur le second amendement.
Une arme pour assurer sa propre sécurité
Du côté des électeurs, la différence de positionnement sur les armes à feu entre Donald Trump et Kamala Harris se retrouve aussi.
Selon l’institut de recherche Pew Research Center, dans des chiffres publiés il y a un mois, 45 % des électeurs proches du Parti républicain déclarent posséder personnellement une arme à feu, contre 20 % chez ceux qui penchent pour les démocrates.
La raison avancée par la vaste majorité des détenteurs est leur propre protection.
La même étude montre que près de six adultes sur dix sont favorables à des lois plus strictes en la matière et estiment qu’il est bien trop simple de se procurer une arme à feu.