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"Les prisons du Nord-Kivu sont devenues des mouroirs"

Zanem Nety Zaidi
19 septembre 2023

Depuis janvier 2023, une vingtaine de détenus sont décédés dans la prison de Walikale. De nombreuses autres personnes y restent enfermées des mois sans procès.

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Deux mains jointes derrière les barreaux d'une prison
Des défenseurs des droits humains tirent la sonnette d'alarme sur les conditions de détention dans le Nord-KivuImage : Matias Delacroix/AP/picture alliance

Victorine Furaha a été détenue pendant six mois, avec son bébé, dans la prison de Walikale. Il y a une semaine, elle a quitté les lieux après avoir vécu "l'enfer""Je viens de passer six mois en prison avec mon enfant qui est aujourd'hui âgée de 8 mois", témoigne-t-elle au micro de la DW. "Ensemble depuis ses deux mois de naissance, nous avons vécu une souffrance extrême. Dans cette prison, il y a une cellule des femmes et une autre des hommes. Au moins nous les femmes, étions épargnées de l'exécution des travaux lourds. Un autre problème était l'insuffisance des toilettes, car nous étions exposées à des infections."

Nombreux dysfonctionnements 

Cinq structures de la société civile (FDAPID, Haki Zangu, ADK, HTP et Bebewa) ont rendu public un rapport des travaux de monitoring menés depuis le mois de janvier dans différentes prisons de la province du Nord-Kivu dont celle de Walikale. Selon elles, ces prisons ne jouent plus le rôle de centres de rééducation, mais elles sont devenues des mouroirs.

"Dans la prison de Walikale qui a une capacité d'accueil de 60 personnes, on y retrouve aujourd'hui plus de 180 personnes", explique Vicar Batundi, point focal de ces organisations. "Mais ce qui nous a tiqué davantage, c'est le nombre des décès. De janvier jusqu'au 7 septembre, nous avons dénombré 19 personnes mortes. C'est inacceptable que les gens soient arrêtés pour mourir en prison."

'Nous demandons aux autorités d'intervenir avant que le pire n'arrive' (F. Misona)

A en croire ce défenseur des droits humains, leurs recherches ont abouti aux résultats selon lesquels la plupart des détenus, le sont pendant des longues périodes, sans avoir comparu devant la justice : "Nous avons constaté qu'il y a seulement 12 condamnés dans cette prison, ce qui représente 6,3% donc tous les autres se sont des prévenus, ce qui est tout à fait anormal, parce que normalement la prison doit héberger les personnes condamnées, mais lorsqu'elle devient une habitation des prévenus, c'est un problème."

Appel urgent au gouvernement

Le président de la société civile du territoire de Walikale Fiston Misona, demande au gouvernement de la RDC d'agir dans l'urgence afin surtout de dégager cette maison carcérale réservée aux civils, de tous les militaires qui y sont détenus : 

"Une trentaine des militaires ou même quarante, seraient dans la prison de Walikale", affirme-t-il. "Ce sont eux qui sont les premiers à torturer les civils dedans, tenter de violer les femmes qui se retrouvent dans les mêmes cellules que les hommes, pour l'instant le directeur de la prison n'accède plus dans ces locaux, les visiteurs ne peuvent plus voir leurs connaissances, nous demandons dans l'urgence aux autorités d'intervenir avant que le pire n'arrive."

Les conditions de détention sont déplorables dans presque toutes les prisons de la province du Nord-Kivu, où l'accès à la nourriture et aux soins de santé demeure une prière quotidienne.

 

 

Vue aérienne de Goma
Zanem Nety Zaidi Correspondant à Goma en RDC pour le programme francophone de la Deutsche WelleZanemNety