Les questions autour du génocide arménien
22 décembre 2011Les massacres et déportations d'Arméniens dans l'Empire ottoman entre 1915 et 1917 ont fait plus d'un million et demi de morts selon l'Arménie, 250.000 à 500.000 selon la Turquie qui récuse la notion de "génocide".
Malaise autour du terme de "génocide"
Le terme de "génocide " pour le drame arménien est pourtant reconnu par une vingtaine de pays ou de parlements, parmi lesquels la France, le Canada, ou la Suisse. D'autres pays comme les Etats-Unis, la Grande Bretagne et l'Allemagne évitent le mot. Mais c'est un sujet que Berlin n'a pas véritablement clarifié, comme l'explique Medardus Brehl, chercheur à l'Institut pour les questions relatives à la diaspora et au génocide, à Bochum :
« S'il y a une position officielle de l'Allemagne, on peut peut-être l'exprimer ainsi : il y a eu en 2005 une pétition au Bundestag, la chambre basse du Parlement, dans laquelle les députés demandaient à la Turquie de se confronter aux périodes les plus sombres de son passé. Les Allemands ont parlé dans ce cadre des massacres envers les Arméniens qui, je cite, sont considérés par certains scientifiques comme un génocide»
Les Arméniens sont mécontents
Le flou artisitique autour du terme de génocide ne satisfait pas Schawarsch Owassapian, qui a longtemps dirigé le Conseil central des Arméniens en Allemagne et qui s'exprime aujourd'hui en tant que personne privée. Selon lui, l'Allemagne a peur des représailles d'Ankara :
« Les Allemands pensent que si l'on parle clairement de génocide, les liens économiques particulièrement soutenus que Berlin entretient avec Ankara en pâtiront. Mais c'est faux ! Et les exemples le prouvent. La Belgique et la Russie ont tous deux reconnu le terme de génocide. Et leurs échanges commerciaux avec la Turquie n'ont fait que se développer après cette reconnaissance. »
Deux millions et demi de Turcs vivent en Allemagne. "C'est sans doute là aussi l'une des raisons de la prudence de Berlin" - explique Medardus Brehl – qui pense également que le pays a de la difficulté à employer le mot de génocide pour d'autres crimes que ceux commis par les Allemands envers six millions de Juifs – de peur de sembler minimiser l'holocauste et leur propre faute.
Auteur : Carine Debrabandère
Edition : Philippe Pognan