Les toxicomanes sont-ils des criminels ou des malades?
26 juin 2012Tous les ans, le 26 juin est la journée mondiale de lutte contre l'abus de drogue. On parle beaucoup, en Afrique, du trafic de drogue et de certains pays devenus des plaques tournantes pour les substances illicites, notamment la Guinée-Bissau ou la Guinée Conakry. Mais quid des toxicomanes, qui représentent pourtant dans le monde environ 5 % de la population adulte ? Comment sont-ils perçus et aidés, par exemple, au Burkina Faso ?
L'Afrique comme transit
L'Afrique est devenue un centre névralgique du trafic de narcotiques, en provenance notamment d'Amérique latine. Le continent africain est un point de passage important pour les substances à destination de l'Europe (on estime à 50 tonnes la quantité de cocaïne qui transite par l'Afrique chaque année), mais elle se commue depuis plusieurs années en un marché non-négligeable de consommation.
Au Burkina Faso, c'est la cocaïne et le chanvre indien qui sont les drogues les plus consommées. Comme dans beaucoup d'autres pays d'Afrique subsaharienne, les toxicomanes burkinabés sont d'abord perçus comme des criminels. Adama Diallo, inspecteur d'éducation spécialisée au ministère de l'Action sociale et de la Solidarité nationale, explique que les toxicomanes sont souvent marginalisés. En général, ils sont envoyés à l'hôpital, au service de psychiatrie. Pour échapper à l'opprobre, et parce qu'ils sont considérés comme des criminels, ils se cachent dans des "ghettos" pour consommer clandestinement leur substance.
Prise de conscience progressive
Les brigades de police essaient de démanteler les réseaux et ces "ghettos". Mais peu à peu, les autorités burkinabès prennent toutefois conscience de l'importance de l'accompagnement des toxicomanes. Un comité national de lutte contre la drogue a été mis en place, censé coordonner l'action de tous les ministères en la matière. La prévention, elle aussi, s'est améliorée, avec des campagnes de sensibilisation dans les quartiers, des spots à la télévision.
Mais la réponse aux malades reste d'abord un envoi en psychiatrie, pas question encore d'ouvrir des "salles de shoot" au Burkina, où les toxicomanes pourraient s'injecter leur drogue dans de meilleures conditions d'hygiène, sous l'œil de médecins spécialisés. Adama Diallo connaît l'existence de ces centres, mais il estime que ses compartiotes ne sont pas encore prêts à accepter de telles institutions. Pas de numéro vert non plus pour les Burkinabès. D'ailleurs les consommateurs tombent sous le coup de la loi. Même si la justice est plus clémente envers eux qu'envers les trafiquants.