La polémique continue onze jours après la "nuit de Cologne"
11 janvier 2016Appels pour rétablir la loi et l'ordre
Imposer un lieu de résidence délimité aux réfugiés et migrants, éviter leur concentration dans les centres urbains, expulser immédiatement les demandeurs d'asile enfreignant la loi. Ce ne sont là quelques unes des déclarations,-et non les plus virulentes-, de nombreux responsables politiques, qui veulent se surpasser les uns les autres en exigeant des contrôles renforcés, des lois plus dures et une augmentation des effectifs policiers et sécuritaires.
"L'Allemagne est devenue folle, complètement déjantée ! estime la taz, die tageszeitung. On ne peut expliquer autrement ce que distillent les hommes et les femmes des partis gouvernementaux depuis ce qu'ils appellent les évènements de Cologne," conclut le quotidien berlinois.
Depuis le 1er janvier, plus de 500 plaintes ont été déposées, dont 40% pour agressions sexuelles. La police de Cologne a été débordée et son chef licencié. Le ministre de la Justice au niveau fédéral, Heiko Maas parle de bandes criminelles organisées. La Frankfurter Allgemeine Zeitung rapporte que selon le ministre fédéral de l'Intérieur, Thomas de Maizière il ne doit pas y avoir de tabou et que l'on doit nommer l'origine des auteurs de délits. Et ce lundi, rapporte le journal de Cologne, Kölner Stadt anzeiger, le ministre régional de l'Intérieur, Ralf Jäger a révélé que les auteurs des vols et violences sexuelles dans la nuit de la Saint Sylvestre dans la métropole rhénane sont quasiment tous "originaires d'Afrique du Nord et du monde arabe".
La Frankfurter Rundschau estime "qu'il était grand temps de renforcer la législation sur les délits sexuels, alors qu'un projet en ce sens dort depuis des mois dans les tiroirs du gouvernement.“ Toutefois des peines plus lourdes ne sont qu'une partie de la solution, l'autre est de développer la conscience sociale pour les limites à ne pas dépasser, en actes mais aussi en paroles !"
Mauvaise communication des services de sécurité?
Le Tagesspiegel estime: "qu'apparemment la communication entre les services de sécurité régionaux et fédéraux ne fonctionne pas. Il faut maintenant davantage de présence policière, davantage de surveillance des lieux publics et une justice plus efficace. Et cela n'a rien à voir avec une fin de la liberté, souligne le quotidien de Berlin qui conclut: on ne peut de sentir libre dans une société que si l'on a confiance en son fonctionnement et sa sécurité ".
Plusieurs journaux rappellent que le ministre a cependant aussi mis en garde contre le "danger" de "stigmatiser" les étrangers à la lumière de ces évènements, alors que la nuit dernière justement, des étrangers, (six Pakistanais et un Syrien) ont été violemment agressés par des inconnus à Cologne dans deux incidents séparés impliquant au total une vingtaine de personnes.
La paix sociale dans le pays menacée?
Alors que les évènements de Cologne continuent d'alimenter des débats émotionnels et que l'extrême droite cherche à profiter de ce qui s'est passé, certains journaux s'inquiètent pour la paix sociale dans le pays.
C'est le cas par exemple de la Süddeutsche Zeitung qui appelle à calmer le débat : "On doit retenir certains faits: primo, des bandes criminelles sont des bandes criminelles, qui doivent être poursuivies et punies. Ce ne sont pas des instruments pour promouvoir le racisme et la xénophobie ! Secondo: l'idéologie d'extrême droite ne doit pas se propager dans les salons. Ce qui, hier était encore estampillé fascisant ne peut pas être acceptable aujourd'hui! Le journal estime aussi que la société civile n'a pas besoin d'adopter un profil bas. Sa disponibilité à aider les réfugiés a été et est formidable. Sans ce dévouement et cette mobilisation, l‘intégration des réfugiés ne serait pas réalisable, conclut le journal de Munich.
"Un multiculturalisme bien compris est la meilleure arme contre l'intolérance de certains immigrants, estime pour sa part le quotidien Die Welt. Il faut simplement que l‘Islam comprenne qu'il n'est qu'une vision, qu'une conception du monde parmi d'autres. Cela vaut aussi pour ceux qui prétendent haut et fort représenter „Le Peuple“ allemand. Il est indiscutable que les lois valent pour tous, y compris pour ceux qui les trouvent trop libérales ", souligne le journal.