"L'Europe a besoin des immigrés" (Amnesty International)
24 février 2016Neuf pays des Balkans se réunissent en Autriche. Ils entendent se concerter sur les mesures à prendre pour réduire le nombre de migrants clandestins qui arrivent sur leur territoire en provenance de Grèce, ce qui ne plaît pas à Athènes. La Grèce parle dorénavant de "mini-crise humanitaire" sur son sol.
Hausse de 60% des arrivées début 2016
Près de 140 000 personnes sont entrées sans papiers dans l’Union européenne depuis le début de l’année – soit 60% de plus qu’à la même période en 2015. 82 000 de ces migrants ont été enregistrés à la frontière entre la Turquie et la Grèce, contre 6000 en Italie, après avoir, eux, transité par la Libye.
Les réfugiés syriens représentent environ 40% du total des clandestins, les autres arrivent principalement de la Corne de l’Afrique, d’Afrique de l’ouest, d’Afghanistan, d’Irak, du Pakistan ou d’Iran.
Stratégie européenne de dissuasion
La stratégie européenne est de dissuader les arrivants de pénétrer dans l’espace Schengen. Daniel Gros, directeur du Centre d’études des politiques européennes à Bruxelles ne croit pas qu’un compromis soit en vue.
"Dans l‘idéal, on souhaitait cantonner les réfugiés dans leur région d’origine: en Turquie, au Liban et d’autres pays. Mais ce n’est pas possible, étant donné la position actuelle de la Turquie. La seule solution réaliste est donc d’augmenter les obstacles pour protéger les frontières de l’UE avec l’extérieur."
Tirer parti des migrants
Une rencontre est prévue la semaine prochaine avec la Turquie. Mais les Etats européens ont aussi du mal à s’accorder entre eux sur les mesures à adopter. Chacun tente de régler le problème à sa manière sur son propre territoire, quitte à encombrer ses voisins et à violer certains engagements pris quant au respect des droits humains. Selmin Caliskan, secrétaire générale de la section allemande d’Amnesty International.
"L’Union européenne est solidaire quand il s’agit de la libre circulation des biens et des services, mais pas sur la mobilité ou la libre circulation des personnes. Il faut que cela change. L’UE peut en tirer parti. Elle a besoin de continuer à se développer, et de l’immigration pour assurer son avenir."
La chancelière allemande espère que ses homologues européens accepteront d’introduire des quotas de répartition au prochain sommet européen, début mars. Hostile à cette idée, le Premier ministre hongrois a d’ores et déjà annoncé la tenue d’un référendum national sur la question.