RDC : la congolité, un concept d'ivoirité à la congolaise ?
14 juillet 2021Même avant son adoption, les détracteurs de cette proposition de loi, la juge inopportune, discriminatoire et conflictogène. D'autres vont plus loin en évoquant la notion de l'ivoirité à la congolaise. Un concept très dangereux, selon Konin Severin, professeur à l'université Houphouët-Boigny d'Abidjan.
"Au départ c'était plutôt un concept culturel qui faisait la promotion des valeurs traditionnelles ivoiriennes. Malheureusement l'utilisation de ce concept a été galvaudée, de telle sorte qu'on a établie une sorte de hiérarchisation entre Ivoiriens. On a eu des Ivoiriens de souche et des Ivoiriens de seconde zone'', a-t-il dit
Que cache la proposition de loi en RDC ?
En RDC, les initiateurs de cette loi laissent entendre qu'elle vise à imposer comme condition à l'accession à la présidence de la République, et à certaines fonctions régaliennes, le fait d'avoir un père et une mère de nationalité congolaise et de souche.
Pour Michel Lutumbwe, chercheur sur la gouvernance au Centre de Recherche sur la Paix et la Sécurité, GRIP, à Bruxelles, il est difficile d'établir un parallèle direct entre la notion de ‘'congolité'' et celle d'ivoirité.
"Ce projet est inspiré en partie de l'histoire récente de la RDC surtout des relations de voisinage difficile avec certains pays limitrophes dans lesquelles on a retrouvé des ressortissants congolais à double appartenance dans des rôles déstabilisateurs, disons, institutionnels.''
Le gouvernement ne s'est pas encore prononcé
Le Professeur Konin Severin pense que ce concept d'ivoirité ou de congolité porte des germes de division.
‘'Le risque d'une telle loi c'est l'exclusion d'une bonne partie de la population. Vous n'êtes pas de père ou de mère ivoirien ou congolais vous ne pouvez pas exercer la fonction de président de la République, donc ceux-là d'office sont exclus et c'est dangereux, parce qu'on a besoin de toutes les compétences pour développer un pays."
Jusqu'ici le gouvernement n'a pas encore pris position sur cette question. Son porte-parole, Patrick Muyaya a réfuté le terme ‘'congolité`'' au cours d'un point de presse lundi à Kinshasa. Estimant qu'il était dangereux et de nature à diviser.
Avant sa promulgation, cette proposition de loi doit franchir plusieurs étapes, d'abord à l'Assemblée nationale, puis en commission sectorielle du gouvernement.