L'ONU alerte sur les exactions dans le Kasaï
28 juin 2018Selon les enquêteurs, beaucoup d’enfants ont été enlevés, blessés, mutilés, détenus ou exécutés. Certains d’entre eux ont vu leurs parents battus, décapités ou leurs mères violées, depuis 2016, date du début de ce cycle de violences aux relents ethniques. "Il est urgent de mettre en place une politique de désarmement des milices et un processus de réconciliation afin d’éviter une nouvelle vague de violences et permettre le retour des déplacés et réfugiés", recommandent-ils.
Aussi, ces faits constituent bien des crimes contre l’humanité, selon les experts qui citent des cas de meurtres, viols, réductions en esclavage, notamment sexuel, persécutions et autres actes inhumains. Ils déplorent "un très sérieux problème d’impunité qui subsiste au regard de l’ampleur et de la gravité des crimes".
Crimes de guerre et crimes contre l’humanité
Ces exactions, principalement contre les femmes et les enfants, ont choqué les experts qui les qualifient de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité, comme définis par le statut de Rome et les conventions de Genève. "Au Kasaï oriental, le climat de terreur demeure, parce que des corps ont été retrouvé ici et là. Les défenseurs des droits de l'Homme qui découvrent ces corps sont menacés. Ces mouvements qui sont signalés, c'est entre population autochtones et l'armée, ou bien la police qui est le bourreau de la population. Ils ne veulent pas entendre qu'il y a un lieu où on a découvert de corps ou on a découvert quelque chose de suspect", déplore Me Justice Tshiamala Biaya, responsable du centre pour les droits humains et les droits humanitaires et militant des droits de l’Homme dans le Kasai oriental.
Légère accalmie
Le gouvernement soutient que les violences ont cessé dans cette région. Joint par la DW, la ministre congolaise des Droits de l'homme, qui a séjourné récemment à Kananga, la capitale de la province du Kasaï-Central, affirme que le calme est déjà revenu.
"Les violences ont sensiblement baissé. C'est vrai qu'il y a quelques éléments indisciplinés des FARDC (les forces armées de la République démocratique du Congo, ndlr) de la police qui ont commis des exactions. Mais cela ne veut pas dire que toute la police nationale et les FARDC sont composés que de voyous. Ceux qui se sont rendus coupables des exactions sont déjà poursuivis par la justice militaire. Les exactions ne resteront pas impunies", a expliqué Marie-Ange Mushebekwa.
Le Général David Musandi, commissaire de police du Kasaï central assure à la DW que "tout est sous contrôle, tout est calme", contredisant ouvertement les conclusions du rapport des Nations-unies. Les experts internationaux se sont entretenus avec 524 victimes, témoins, auteurs présumés et d’autres sources. Ce rapport sera présenté le 3 juillet devant le Conseil des droits de l’homme de l’ONU, à Genève en Suisse.
Le conflit dans le Kasaï a débuté en aout 2016, à la suite de l’assassinat d’un chef traditionnel et coutumier, Kamuina Nsapu. Ce dernier exigeait plus d’autonomie dans l’administration de ses sujets et contestait l’autorité de l’administration locale. Depuis, les violences entre les adeptes du chef décédé et les forces de l’ordre ont fait plus de 3 000 morts et 1,4 millions de déplacés selon l’ONU. Et le rapport sera présenté devant le Conseil des droits de l’homme, mardi 3 juillet 2018.