L'UA s'attaque à la piraterie maritime
10 octobre 2016Récemment encore, la marine togolaise a repoussé des pirates dans les eaux territoriales togolaises. Ces pirates venaient du Nigeria. Ce genre d'attaque est devenu depuis les cinq dernières années récurrent dans le Golfe de Guinée. Au moins un acte de piraterie est enregistré par semaine dans les eaux ouest-africaines. Selon le dernier rapport du Bureau maritime international, basé à Londres, les actes de piraterie maritime sont en baisse dans le monde, sauf dans le Golfe de Guinée. Et c'est le large des régions pétrolifères du Nigeria qui est le plus touché, comme le confirme Gisela Viera, chargée de la sûreté maritime à l'organisation maritime internationale (OMI) : « Il y a une baisse très significative dans le Golfe d'Aden mais dans le Golfe de Guinée, le problème est plus complexe. Il y a beaucoup d'incidents. »
Une menace pour l'économie
La piraterie maritime est devenue une véritable menace pour les pays de cette partie de l'Afrique. Les pirates lorgnent surtout sur l'industrie pétrolière. Ils attaquent des bateaux, des navires d'assistance ou ceux des transports logistiques. De 2005 à 2016, plus de 205 attaques de pirates ont été enregistrées dans le Golfe de Guinée. Cela affecte aussi l'économie de la région. Pour un pays comme le Togo qui tire 20% de ses recettes du port en eau profonde et du transport marin, le sommet de l'Union africaine à Lomé est d'une importance capitale. « L'Afrique a 90% de son commerce qui passe par la mer, elle est donc concernée – mais les pays exportateurs aussi. Mais quand on observe bien, la coopération en la matière est difficile et on a pas de principe commun. » déplorait récemment le président togolais Faure Gnassingbé dans une interview avec la Deutsche Welle.
Objectif: adoption d'une charte maritime
C'est à la recherche de ce principe commun que le sommet de Lomé est organisé. Car si la baisse des actes de piraterie dans certaines régions du continent s'explique par le déploiement de la patrouille internationale en mer, en Afrique de l'ouest tout comme dans le Golfe d'Aden, d'autres phénomènes viennent compromettre les efforts consentis. « Les causes sont multiples, par exemple il y a la corruption, il y a manque de communication et de coordination, et il n'y a pas beaucoup de ressources financières pour lutter contre la piraterie » explique Gisela Viera, de l'OMI.
90% des échanges internationaux et 65% de l'approvisionnement énergétique sont transportés par la mer. À en croire le ministre togolais des Affaires étrangères, de la Coopération et de l'Intégration africaine, Robert Dussey, les décisions qui seront prises lors de la rencontre viseront également à lutter contre les trafics d'armes, de pétrole et d'êtres humains en haute mer. « Lors du sommet de Lomé, nous parlerons de la piraterie maritime, de la pêche illégale, des trafics humains et de la contribution de la mer au développement du continent africain… Il sera question de l'adoption et de la signature d'une charte dénommée : la charte de Lomé sur la sécurité et la sureté maritime. Donc l'objectif du sommet, c'est la charte. »
Le diplomate togolais nourrit l'espoir qu'au lendemain de cette rencontre internationale à Lomé, l'Afrique disposera d'un document qui puisse lui permettre de lutter efficacement contre le phénomène. Mais reste à savoir s'il sera vraiment contraignant dans les faits et avec quels moyens il sera mis en œuvre. C'est l'inquiétude soulevée par certains experts.