L'UE prône un "dialogue national" en Ukraine
12 mai 2014Des "référendums" tenus en dehors de toute légalité, sans observateurs internationaux, en bafouant les règles les plus élémentaires comme l'interdiction de déposer plusieurs bulletins dans l'urne... il ne s'agit plus d'un vote démocratique, mais d'une véritable mise en scène. Et c'est bien de cela qu'il s'agissait : orchestrer les craintes et la contestation d'une région, celle des russophones du Donbass, la région minière face au pouvoir de Kiev, accusé d'être tourné vers l'Ocident.
Une électrice de la région de Donetsk s'exprimait hier au micro de notre confrère de l'ARD, Stefan Laack : "Nous nous battons pour l'indépendance, parce que nous ne voulons pas que l'Occident nous dicte ses conditions. Nous combattons pour notre liberté et le droit à notre avenir. Cette région est multilingue et l'Occident ne veut pas l'accepter. En ce qui concerne nos relations avec la Russie, nous ne faisons pas de pression. Soit nous rejoindrons ce pays - mais s'ils ne le veulent pas, et bien tant pis..."
Des "référendums" non reconnus
Ces pseudo-référendums ont en tout cas rempli une fonction essentielle pour les séparatistes : une démonstration de force. La région de Lugansk par exemple affirme que 96,2% des électeurs ont voté pour l'autodétermination. Un chef séparatiste a annoncé à l'agence de presse russe Ria que sa région boycotterait donc les élections du 25 mai. Elle envisagerait même un nouveau "référendum" sur le rattachement à la Russie. Dans le Donetsk autoproclamé "République populaire de Donetsk" depuis début avril, le "oui" serait arrivé en tête avec 89% des voix.
Le président français, François Hollande, considère ce vote comme "nul et non avenu". Le porte-parole de la chancelière Angela Merkel a fait savoir "qu'une consultation de ce genre ne peut être acceptée par la communauté internationale." Face à cet emballement, l'UE va renforcer ses sanctions et espère favoriser un dialogue national, comme l'explique le ministre des affaires étrangères du Luxembourg, Jean Asselborn au micro de notre confrère Peter Kapern: "Notre message principal est que l'UE apporte tout son soutien à l'OSCE et à son président Didier Burkhalter pour lancer un dialogue national, au niveau local et régional avant les élections qui se déroulent dans deux semaines. L'objectif est que ces élections puissent se tenir, qu'un comité de pilotage soit mis sur pied et que l'on discute avec les régions."
Berlin demande également à Moscou de faciliter la tenue de cette élection présidentielle. Un enjeu de plus en plus menacé..