L'Ukraine et ses alliés préparent l'avenir à Berlin
12 juin 2024Berlin a accueilli pendant deux jours une conférence internationale sur la reconstruction de l'Ukraine. Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a d'ailleurs fait le déplacement en Allemagne à cette occasion. Suivront ensuite le sommet du G7 en Italie puis une conférence internationale sur la paix, organisée en Suisse.
Alors, justement, comment parler de reconstruction de l'Ukraine, alors même que les combats continuent ? Ce matin, l'armée ukrainienne indiquait encore avoir détruit cinq missiles et 24 drones armés russes.
Un soutien aux Ukrainiens et un signal vers la Russie
L'objectif affiché de la conférence pour la reconstruction de l'Ukraine était double : soutenir effectivement l'armée et la population du pays au quotidien et envoyer un signal en direction de la Russie, pour montrer que, malgré la guerre, les Ukrainiens et leurs alliés continuent de prévoir l'avenir.
Près de 2.000 délégués venus d'une soixantaine de pays différents étaient à Berlin pour fixer des priorités : en premier lieu la défense, organiser les réparations des secteurs endommagés, la reconstruction des infrastructures détruites et garantir des investissements dans les infrastructures de base, notamment dans le secteur de l'énergie – celles-là même visées en priorité par l'armée russe.
Ludmyla Melnyk, de l‘Institut de politique européenne, à Berlin, sur les ondes du Deutschlandfunk, craint déjà pour l'hiver à venir si la guerre continue : "Actuellement, 80% des infrastructures énergétiques de l'Ukraine ont été détruites, constate-t-elle. 80% des équipements de chauffage ont été soit détruits, soit endommagés. Pendant 15 heures par jour, les gens n'ont pas d'électricité. Et nous ne sommes qu'en juin, imaginez comment ça peut évoluer… "
Des perspectives pour les jeunes
Environ 900.000 enfants ne peuvent plus aller à l'école en Ukraine. Les plus chanceux suivent des cours en ligne. Or, quand les pères sont au front et que les enfants ne vont pas à l'école, les mères ne peuvent plus travailler. Le manque de main d'œuvre devient criant dans certains domaines, notamment les chauffeurs de poids lourds, de métro ou de bus.
L'Union européenne promet des crédits et de l'aide supplémentaire au développement.
En outre, une cinquantaine d'organisations, d'Etats et d'entreprises ont scellé une alliance à Berlin pour la formation de main d'œuvre pour l'Ukraine. Cette alliance prévoit un budget de plus de 700 millions d'euros sur trois ans.
Le ministère allemand de la Recherche a promis, lui, une enveloppe de 24 millions d'euros pour aider les laboratoires et l'enseignement supérieur.
Cette stratégie est destinée à maintenir la population jeune et qualifiée dans le pays, pour l'après-guerre. Et à appeler au retour des Ukrainiens qui sont partis massivement.
Des investissements intéressants... pour les investisseurs
Thomas Otten, qui tient un cabinet de gestion et de conseil fiscal à Kiev, est confiant sur le fait que les fonds promis ne seront pas détournés. "Il y a vraiment eu des progrès en matière de corruption, témoigne-t-il sur Deutschlandfunk. Je vis là-bas depuis 2008 et à l'époque, au début, c'était vraiment une catastrophe. Les agents du fisc venaient pour des contrôles fiscaux qu'ils ne faisaient pas. Ils disaient qu'il suffisait de leur verser telle somme pour échapper au contrôle. Ça, ça n'existe plus."
Thomas Otten estime par ailleurs que parmi les domaines à réformer, la justice devrait figurer en haut de la liste.
Pour les entreprises allemandes enfin, ce type de conférences est l'occasion de signer des contrats importants, pour fournir des pièces détachées, des véhicules ou du matériel agricole, par exemple.
Le ministre allemand de l'Economie, Robert Habeck, le souligne : les investisseurs peuvent miser sur l'adhésion future de l'Ukraine à l'Union européenne ce qui lui fera rejoindre, à terme, le marché intérieur.