L'Ukraine préfère la Russie
22 novembre 2013L'Ukraine tourne le dos à l'Europe au profit de la Russie. Le premier ministre ukrainien déclarait vendredi matin que la décision de Kiev était "tactique" et motivée par des raisons économiques. Cette décision survient au lendemain d'un sommet de la Communauté des Etats indépendants, qui regroupe, à l'exception de la Géorgie et des pays Baltes, les anciennes républiques soviétiques, parmi lesquels l'Ukraine. Une rencontre qualifiée de "sommet très réussi" par le chef du gouvernement ukrainien.
Une économie exsangue
L'Ukraine a beau être le plus grand pays d'Europe, après la Russie, sa situation économique est assez catastrophique. Kiev va devoir rembourser 6 milliards d'euros au FMI d'ici la fin de l'année et doit encore éponger une dette colossale.
L'Union européenne proposait une aide à l'Ukraine, mais sous certaines conditions. Or, parmi ces conditions, deux dossiers continuent d'empoisonner le rapprochement entre l'Ukraine et l'Europe: le cas Timochenko, du nom de l'ancienne chef du gouvernement, emprisonnée, et dont les Européens réclament le transfert à l'étranger pour raisons médicales, ce que refuse le parlement ukrainien.
L'UE exige aussi des réformes structurelles sur le plan économique et politique, pour se rapprocher des standards européens, dans la lutte anti-corruption et la défense des droits de l'Homme notamment. Des conditions rappelées en début de semaine par Angela Merkel. Mais là non plus, l'Ukraine n'est pas au point.
Pressions de la Russie
Kiev préfère donc miser sur son ancien allié historique, la Russie, moins regardante sur le plan politique, et surtout grand investisseur et principal partenaire économique de l'Ukraine.
Or Moscou avait menacé de geler les importations est-ukrainiennes, en cas de signature de l'accord d'association avec l'UE, ce qui aurait mis fortement à mal l'économie de la région frontalière. Moscou a aussi promis des "dizaines de milliards de dollars" à l'Ukraine si elle optait plutôt pour une coopération renforcée avec la Russie, qui veut garder l'Ukraine comme "état tampon" à sa frontière, et continuer d'utiliser son vaste réseau d'oléoducs.
Ces pressions semblent avoir fonctionné. Et la décision de l'Ukraine porte un coup diplomatique à l'Union européenne mais aussi aux Etats-Unis qui considèrent l'Ukraine comme un pivot géopolitique, entre l'Europe occidentale et l'ancien bloc soviétique.
Pour ne pas totalement fermer la porte au rapprochement entamé il y a près de vingt ans avec l'Union européenne, l'Ukraine suggère maintenant la mise en place d'une commission tripartite, avec la Russie, pour remettre le dossier à plat.