L'économie, talon d'Achille de la Russie
24 mars 2014La crise ukrainienne cause déjà de gros dégâts à l'économie russe, constate Die Welt, et ce avant même l'entrée en vigueur des restrictions internationales. Le rouble et la bourse s'effondrent, les entreprises et leurs actionnaires subissent de lourdes pertes, tout cela à cause des menaces de sanctions. Selon le journal, on peut espérer que Vladimir Poutine retrouve la raison. Car le conflit latent entre l'occident et la Russie est mauvais pour les affaires et l'isolement coûte cher au Kremlin. Pour Poutine et ses vieux copains oligarques, il est capital de pouvoir continuer à faire du commerce avec l'occident.
Vladimir Poutine ne va pas se laisser impressionner par les menaces européennes et américaines, juge au contraire la Süddeutsche Zeitung en soulignant que la plupart des pays de l'Union européenne, dont l'Allemagne, ont également beaucoup à perdre en cas de sanctions économiques. Mais de toute façon, il n'y aura pas de guerre pour la Crimée, affirme le quotidien. La rencontre des dirigeants du G7 à La Haye n'est pas un conseil de guerre. Barack Obama ne vient pas pour sauver l'Europe ni la Crimée. S'il est en colère contre Poutine, c'est moins pour des raisons géopolitiques que parce que la Russie l'a pris de court et le confronte à un problème qui n'entre pas dans son calcul politique. Mais Obama n'est pas Kennedy. Et Sébastopol en 2014 n'est pas Berlin en 1961.
Le président russe a mis le monde devant le fait accompli avec l'annexion de la Crimée, on peut se demander si cela va lui suffire, s'inquiète pour sa part la Frankfurter Allgemeine Zeitung. La situation dans l'est de l'Ukraine est explosive, et de l'autre côté, la région séparatiste moldave de Transnistrie une véritable poudrière. Là aussi, prévient le journal, la Russie pourrait vite trouver un prétexte pour justifier une invasion militaire.
Même si l'optimisme n'est pas de mise à l'heure actuelle, écrit enfin die tageszeitung, on peut tout de même se réjouir de l'envoi d'une mission d'observation de l'OSCE en Ukraine, qui pourrait constituer une première étape pour stabiliser la situation dans l'est du pays. lls risquent toutefois de mettre en lumière des vérités dérangeantes pour le gouvernement ukrainien de transition, qui mène une politique peu glorieuse envers la minorité russophone. Au lieu de chercher la confrontation, Kiev devrait au contraire essayer de gagner les russophones à sa cause. Car ils ne sont pas aussi unis qu'il y paraît dans leur proximité avec la Russie.