L'économie verte, un luxe réservé aux riches ?
6 juin 2012Le hic, c’est que tout le monde ne s’accorde pas sur le contenu réel de ce virage industriel, ni sur le rôle que peuvent jouer les différents États, selon leur niveau de développement. Avec deux questions à la clef : comment endiguer les excès des pays du Nord et encadrer le développement économique des pays les plus pauvres pour éviter les dégâts environnementaux.
La croissance passe avant la protection de l’environnement. Ce maître-mot des politiques économiques de ces dernières décennies ne peut plus avoir cours dans un monde conscient des limites de la planète.
Devenir riche d'abord
C’est du moins l’avis d’Ernst Ulrich von Weizsäcker, économiste du Programme des Nations unies pour l’environnement, le PNUE. Le problème selon lui, c’est que les pays en développement se sont alignés sur cette maxime des pays riches, catastrophique d’un point de vue environnemental :
« Quand je parle d’économie verte avec des responsables politiques de pays en développement, on a l’impression que ça leur passe au-dessus de la tête, qu’ils veulent d’abord devenir riche et pollué avant de s’intéresser à la chose. »
Le secrétaire-général de l’ONU, Ban Ki-moon, est moins radical dans ses propos. Mais il milite lui aussi pour une refonte de l’économie mondiale, qui dissocierait croissance économique et consommation énergétique, et où l’exploitation des ressources naturelles se ferait de manière raisonnée.
Changer les styles de vie
Quelle forme ce changement pourrait-il concrètement prendre ? Le groupe onusien de travail sur le développement durable recommande notamment que les États veillent à prendre en compte le développement durable lorsqu’ils passent des marchés avec des entreprises privées, ce qui modifierait considérablement l’offre disponible et pourrait promouvoir les énergies vertes. Mais cela est encore insuffisant, selon Barbara Unmüßig, qui travaille à la Fondation Heinrich-Böll, proche du parti écologiste allemand :
« Tous les rapports sont fondés sur une vision optimiste du progrès technologique. Personne ne parle de changement de style de vie, personne ne dit que le Nord doit revoir ses habitudes de consommation à la baisse. »
Certains préconisent aussi une optimisation de la chaîne de production industrielle, source de grand gaspillage énergétique en l’état actuel. Avec une meilleure gestion des ressources, un Européen pourrait ainsi réduire sa consommation de matériaux à six tonnes en moyenne par an, contre 14 à 15 tonnes aujourd'hui.
Pour arriver à intégrer ce tournant écologique au niveau mondial, le PNUE recommande de facturer la qualité environnementale des produits, afin de mettre en valeur les efforts nécessaires à la conservation durable de la planète.
Auteurs : Richard Fuchs et Sandrine Blanchard
Édition : Anne Le Touzé