Mali : démissions du président et du Premier ministre
26 mai 2021Le président et le Premier ministre de transition maliens ont démissionné. Bah N'Daw et Moctar Ouane ont été arrêtés lundi par les militaires dans ce qui s'apparente à un deuxième coup d'Etat en neuf mois.
Lire aussi → Les Maliens agacés par l'instabilité politico-militaire
Selon Baba Cissé, conseiller spécial du colonel Assimi Goïta, vice-président de la transition, le président Bah N'Daw et son Premier ministre Moctar Ouane "ont démissionné devant l'arbitre", la mission de médiation internationale actuellement au Mali.
Négociations en cours
Un membre de la médiation internationale a confirmé la démission du président de la transition malienne.Depuis quelques jours, le président de transition et le Premier ministre sont privés de leur liberté. Bah N'Daw et Moctar Ouane ont été privés de leurs prérogatives, selon l'armée. "Les négociations sont en cours pour leur libération et la formation d'un nouveau gouvernement", a déclaré Baba Cissé, conseiller spécial du colonel Assimi Goïta.
Mardi, le vice-président de transition a déclaré avoir écarté Bah N'Daw et Moctar Ouane. Assimi Goïta les a accusés d’avoir formé un nouveau gouvernent sans le consulter, alors qu'il est le vice-président en charge des questions de sécurité. Le nouveau gouvernement annoncé lundi déchargeait de leur portefeuille sécuritaire deux des acteurs principaux du putsch d'août 2020. Ce coup d'Etat a conduit au départ du président Ibrahim Boubacar Kéïta.
La médiation internationale s'est rendue mercredi matin au camp militaire de Kati, à une quinzaine de kilomètres de Bamako, pour rencontrer les deux dirigeants qui y sont retenus depuis leur arrestation. Un membre de la délégation a indiqué que Bah N'Daw et Moctar Ouane ont démissionné avant l'arrivée de la mission à Kati. La médiation a exprimé son désaccord au vice-président Goïta, ajoute ce membre de la délégation. La délégation de la Cédéao s'est longuement entretenue ce mercredi dans la ville garnison de Kati avec Assimi Goita, le vice-président de la transition autour du sort du Président Bah N'Daw, de son Premier ministre Moctar Ouane ainsi que des autres personnalités détenues depuis lundi (24.05).
En plus de Goodluck Jonathan, envoyé spécial de l'institution ouest-africaine dans la crise malienne, la ministre ghanéenne des affaires étrangères Shirley Ayorkor Botchway ou encore le président de la commission de la communauté économique des états de l'Afrique de l'ouest, l'ivoirien Jean Claude Kassi Brou ont pris part aux discussions.
Les deux parties ont pu trouver un compromis pour la démission du président de la transition et de son premier ministre.
Mamedy Drame de l'association Waati Sera indique à la DW que l'arrestation puis la démission du président de la transition ainsi que de son premier ministre est une humiliation pour le Mali, un pays en guerre contre les forces terroristes :
“Je n'arrive toujours pas à comprendre au moment où le pays est sous perfusion, au moment où le pays est envahi par les terroristes, au moment où des milliers d'étrangers sont là pour nous secourir, c'est en ce même moment que nos militaires posent un acte éhonté qui n'honore ni le Mali, ni les militaires, ni les Maliens.”
La communauté internationale a condamné le coup de force au Mali. Le Conseil de sécurité des Nations unies doit se réunir à huis clos pour examiner la situation dans le pays. Les pays européens n’excluent pas des sanctions, a fait savoir le président français Emmanuel Macron.