Mali : fin de l'embargo imposé par la Cédéao
6 octobre 2020La Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest a annoncé ce mardi la levée des sanctions qui pesaient sur le Mali depuis le coup d'Etat du 18 août. La fin de l'embargo apparait comme une victoire pour la junte.
Dans sa déclaration, le président ghanéen Nana Akufo-Addo, actuellement président en exercice de la Cédéao, indique que les chefs d'Etats ont pris en compte les "avancées notables" vers la normalisation constitutionnelle au Mali.
Mais ils demandent aux nouvelles autorités de la transition de mettre en œuvre rapidement les autres décisions prises par la Cédéao, en particulier la libération de toutes les personnalités militaires et civiles arrêtées.
''La Cédéao devrait repenser la question des sanctions''
Alioune Tine, fondateur du think tank Afrikajom, estime que la décision de la Cédéao est venue tardivement au vu de la situation que traverse le Mali.
"Cela a duré avant de lever les sanctions parce que le Mali est dans une situation de grande vulnérabilité avec les problèmes sécuritaires auxquels le pays est confronté avec ses conflits asymétriques. Je pense que la Cédéao devrait repenser la question des sanctions et devrait mieux les cibler pour ne pas effectivement arriver à des situations comme celle que l'on est en train de vivre au Mali.''
Une victoire pour la junte ?
Cette décision de la Cédéao intervient au lendemain de la formation du gouvernement de transition, dans lequel les membres de la junte occupent des positions stratégiques. Pour le politologue béninois Victor Topanou, la levée des sanctions est une victoire pour la junte.
"Dans le sens que de toutes façons, ils sont restés au pouvoir avec le vice-président et que dans le gouvernement, ils ont conservés les portefeuilles les plus importants. Donc ils ont le sentiment que d'une façon ou d'une autre, ils ont été légitimés en interne et en externe à travers la Cédéao."
La fin de l'embargo sur le Mali est saluée par les Maliens. Issa Kaou Djim, proche de l'imam Dicko et ancien porte-parole du M5-RFP, se réjouit de cette décision.
"C'est une avancée pour très rapidement aller à l'essentiel, c'est-à-dire les élections générales et la refondation de l'Etat. On ne peut que saluer cette levée des sanctions concernant un pays comme le Mali.''
Ces sanctions, au premier rang desquelles un embargo commercial et financier, avaient été imposées au mali le 20 août dernier à la suite du coup d'Etat militaire qui a chassé du pouvoir l'ancien président Ibrahim Boubacar Keïta.