Mali : l’Allemagne dénonce l’état corrompu de la justice
15 juillet 2019"On a bien rencontré l’ambassadeur. Voilà, on lui a posé nos questions et il a bien voulu nous répondre", affirme Mamadou Kouyaté, le rédacteur en chef du journal L’indépendant à Bamako, qui confirme les propos de l’ambassadeur d’Allemagne Dietrich Becker. Mamadou Kouyaté abonde même sur le fond et affirme que les bailleurs sont si déçus par le niveau de corruption au Mali qu’ils hésitent désormais à délier les cordes de la bourse :
"La route qui mène vers le Sénégal est totalement dégradée et je sais que le pays a dû demander de l’aide mais ça ne vient pas. Parce que le premier financement qu’on a eu pour faire cette route a été à moitié détourné. Alors les partenaires évaluent."
Même son de cloche du côté de la Plateforme contre la corruption et le chômage. Son président, le professeur Clément Dembélé, assure que les dirigeants maliens ont mis sur pieds une "idéologie obscurantiste" qui a détourné le peuple de son identité et de sa dignité.
« L’ambassadeur, ce que je peux lui demander c’est de ne pas de ne pas encourager, c'est d’interdire aux investisseurs de venir investir au Mali. Tant que le gouvernement du Mali n’a pas pris sa responsabilité de changer cette politique qui encourage la corruption. Tant qu’on n’a pas lutté contre la corruption au Mali, il ne faut pas investir au Mali.»
"Dire la vérité"
Pour le Professeur Dembélé, il n’y a ni garantie judiciaire ni garantie sécuritaire de l’investissement au Mali :
"Il faut dire cette vérité. Ce n’est pas parce qu’il y a une instabilité sécuritaire au Mali, mais parce que la corruption au Mali a un niveau tel que nous sommes dans un système de pillage, organisé par une bande de dirigeants véreux qui n’ont plus peur de rien au Mali."
En somme, le niveau de corruption dans leur pays préoccupe certains Maliens au moins autant l'ambassadeur allemand à Bamako. Dietrich Becker, qui était aujourd'hui en déplacement, était indisponible pour répondre à nos questions.