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Mali : l'armée à nouveau accusée d’exactions par des civils

14 avril 2022

Au Mali, des témoins assurent avoir assisté à des massacres que l'armée aurait perpétré contre des civils à Madougou.

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Des soldats maliens lors d'un entrainement en 2004
Image : Ben Curtis/picture alliance/AP Photo

Human Rights Watch, dans son rapport sur les événements du village de Moura, dans la région centrale de Mopti, fait état de plus de 300 personnes tuées. En effet, il y a près de deux semaines, l'armée malienne affrontait des djihadistes dans ce village. 

L'armée assure avoir tué plus de 200 djihadistes, mais Human Rights Watch et d'autres défenseurs des droits humains affirment que les victimes seraient en fait des civils.

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Des allégations "mensongères"

Fousseynou Ouattara, vice-président de la Commission défense et sécurité du CNT, le Comité National de Transition, affirme que "ce sont des allégations mensongères, et moi je suis désolé que les gens qui se disent représentants d'une ONGs'en donnent à de la spéculation". Il estime aussi qu'il existe des "deals, car quand vous donnez 5.000 ou 10.000 francs à quelqu'un pour témoigner, ce témoignage ne vaut rien".  

Un soldat malien du G5 Sahel en discussion avec un soldat français de l'opération Barkhane en janvier 2021
Un soldat malien du G5 Sahel en discussion avec un soldat français de l'opération Barkhane en janvier 2021Image : Frederic Petry/Hans Lucas/picture alliance

Que s'est-il passé à Madougou?

Les démentis des autorités maliennes contredisent les témoignages de certains habitants de la commune de Madougou, par exemple, où sept jeunes garçons ainsi qu’un vieil homme ont récemment été massacrés. 

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Ce témoin qui parle sous couvert d’anonymat affirme que "les militaires revenaient de Mondoro. C'était un détachement qui rentrait à Koro, et là ils ont croisé les sept personnes qui gardaient des bétails. Il y avait un vieillard de plus de soixante-dix ans qui était avec eux. Ils les ont pris et les ont fusillés sur le champ avant de continuer leur chemin." 

L'armée malienne, selon un autre témoin qui préfère aussi parler sans être reconnu, ne part pas seule en "opération". Les mercenaires du groupe paramilitaire russe Wagner reviennent dans les discussions sur l'insécurité dans cette région, malgré les dénégations du gouvernement de transition qui nie tout lien avec ce groupe privé.

"C'est évident que c'est Wagner, parce qu'avant, quand il y avait des Français et d'autres blancs qui accompagnaient l'armée malienne, les villageois étaient rassurés en se disant qu'il n'y aurait pas de crime. Depuis que ces nouveaux blancs sont arrivés, toutes les exactions ont été commises par eux ou devant eux", conclut-il.

En visite au Mali, la ministre allemande des Affaires étrangères (à gauche) a rencontré le 13 avril le président de transition Assimi Goïta (à droite)
En visite au Mali, la ministre allemande des Affaires étrangères (à gauche) a rencontré le 13 avril le président de transition Assimi Goïta (à droite)Image : Florian Gaertner/Auswärtiges Amt/Photothek/dpa/picture alliance

 

Collaboration avec des djihadistes?

"Les raisons de ces massacres restent souvent inexpliquées", regrettent les deux habitants. Le premier explique cependant que l'armée malienne a souvent accusé la population de la région d'être en étroite collaboration avec des groupes djihadistes.

"C'est comme cela que l'armée raisonne. Elle pense que la population est devenue complice des djihadistes. Mais, les communautés sont obligées de collaborer. Cela fait combien d'années qu'il n'y a dans cette région ni de services de base, ni de protection, ni de sécurité? Il n'y a rien", déplore-t-il 

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Ces affrontements entre les Fama et les djihadistes créent des situations de famine à certains endroits. Les déplacements internes de populations se multiplient. Et certaines organisations humanitaires n'ont plus accès à certaines localités.