Mali : les mandats de la Bundeswehr seront-ils prolongés ?
1 février 2022La ministre allemande de la défense disait il y a dix jours qu'un départ était exclu. "Nous ne céderons pas aux Russes sur place", disait-elle.
Mais depuis, tout est allé très vite. Lajunte au pouvoir a demandé au Danemark le rapatriement des soldats qui participaient à la force européenne Takuba. Les Danois ont plié et ont annoncé leur retrait.
En fin de semaine dernière, le ministre des Affaires étrangères français estimait que la France et l'Europe ne pouvaient pas rester ainsi au Mali face, "aux entraves" de la junte.
Un départ ne semble donc plus exclu.
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Alors l'Allemagne s'interroge.
Beaucoup d’inquiétudes
A droite, dans le camp CDU-CSU, dans l'opposition en ce moment, on appelait à éviter tout retrait jusqu'à il y a quelques jours encore... Mais le week-end dernier, le porte-parole du groupe pour les affaires étrangères Jürgen Hardt, interrogé sur la radio publique Deutschlandfunk, avait déjà un autre discours...
"Il est vrai que depuis l'automne dernier, nous regardons cette mission avec beaucoup d'inquiétude car la dictature militaire au Mali engage visiblement des mercenaires russes pour lutter contre les terroristes et peut-être aussi contre une partie de la population civile, dit Jürgen Hardt. Nous devons regarder de plus près, car je ne peux pas imaginer que des soldats de la Bundeswehr agissent durablement aux côtés de mercenaires pour lesquels le droit international de la guerre et le respect des droits de l'homme n'ont peut-être pas la même valeur que pour un soldat de la Bundeswehr."
La Russie est donc dans toutes les bouches.
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Un dilemme, disent les élus d'opposition, mais aussi de la coalition. Le sujet dépasse désormais les clivages politiques. Dilemme difficile à trancher : partir et laisser la place aux Russes ? Ou rester, malgré les demandes de départ de la junte ?
"Pas de chèque en blanc pour un nouveau mandat, il faut poser des conditions aux militaires", disent les Verts au gouvernement.
Même message en substance du côté du FDP.
Et l'opposition CDU-CSU, par la voix de Jürgen Hardt, même s'il elle nuance, se rallie à ce message :
"Et il y a un message clair pour le gouvernement malien : nous devons pouvoir maintenir nos chaînes logistiques. Il est inacceptable que des avions de transport allemands se voient refuser des droits de survol. Il faut s'assurer que l'intervention se déroule sur la base du droit international et des droits de l'homme. Si cela n'est pas garanti, il convient en effet de se poser des questions fondamentales. Mais cela signifie justement un examen précis de la situation et non un retrait précipité, comme ce fut le cas en Afghanistan."
L’Allemagne n’est pas seule
Dans tous les partis politiques, un point fait consensus : l'Allemagne n'agira pas seule. Elle veut se concerter au niveau européen.
Les déclarations et agissements de la junte dans les semaines à venir, mais aussi de la Cédéao, pourraient être déterminants dans le choix du gouvernement et des députés au moment de prolonger ou non les mandats, dans les semaines à venir.
Pour l'heure, la Bundeswehr est toujours présente avec près de 1.100 soldats au Mali, sous le mandat de la Minusma. Des soldats présents à Gao et Bamako. La Bundeswehr est présente au sein de l’EUTM avec 600 soldats.