Mali : les victimes déçues de l’issue du procès Sanogo
15 mars 2021Cette décision dans l’affaire des 21 bérets disparus qui marque la fin d’un procès de cinq ans est motivée par la loi d’amnistie promulguée en 2019. Mais les victimes dénoncent une justice aux ordres des militaires.
Aminata Soumaré est l’une des victimes du contre coup d’Etat de 2012 mené par Amadou Sanogo qui a occasionné la disparition de 21 éléments du régiment des bérets rouges dont les ossements ont été retrouvés dans une fosse commune à Diago, près de Bamako.
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Séquestrée et violée
Celle-ci aurait été enlevée, séquestrée et violée durant plusieurs jours par ses geôliers. Aminata compte désormais se tourner vers la justice internationale.
"Le verdict de ce jour est une honte pour la justice malienne et pour les juges maliens qui ont libéré Amadou Aya Sanogo (auteur du coup d’Etat de 2012 au Mali, ndlr) qui a massacré des gens, qui a enlevé des femmes pour ensuite les violer", dénonce la victime. Aminata regrette que "Le président de transition Bah Ndaw n’a raconté que des bobards lors de son investiture. C’était l’occasion pour lui et son vice-président Assimi Goita de redonner un nouveau souffle à la justice malienne en vue de la réconciliation nationale".
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Réconciliation nationale
Maître Alassane Sangaré est un des avocats de la défense. Celui-ci estime que ce verdict est conforme à la loi d’entente nationale promulguée par les députés en 2019 sous l’ancien régime d’Ibrahim Boubacar Keita :
"C’est une application de la loi. C’est la première fois que cette loi est évoquée devant une cour d’assises. Et lorsque la cour d’assises rend un arrêt, on peut dire que cet arrêt peut avoir valeur de jurisprudence. C’est un grand pas. Malgré tout ce l’on dit de la justice, moi je crois en la justice malienne."
Jean-François Marie Camara est enseignant-chercheur à la faculté des sciences juridiques et politiques de Bamako et pour lui ce verdict s’inscrit dans le cadre de la réconciliation nationale.
"La justice se trouve dans une dynamique de recherche de paix et de cohésion sociale. D’autant plus qu’il y avait un accord d’amnistie qui permettait aux membres qui ont participé au coup d’Etat de 2012 d’être amnistiés et ne de pas être poursuivis ou inquiétés par les différentes juridictions", explique l’enseignant-chercheur.
Les plaignants ont trois jours pour se pourvoir en cassation et certains dénoncent le parallèle entre des militaires putschistes amnistiés par un régime militaire.