Mali : les militaires sous pression, ne lâchent rien
26 mai 2021La situation politique au Mali, sera discuté au Conseil de sécurité de l’ONU qui se réuni ce mercredi soir (26.05) à la demande du Niger et de la France. Les pays membres du Conseil doivent examiner ce qui s'apparente à un deuxième coup de force militaire en neuf mois.
Le chef de la junte, Assimi Goita continue, lui, à rassurer sur ses bonnes intentions quant à l’organisation des élections générales en 2022 comme prévu par la charte de la transition.
Lire aussi → Au Mali, Assimi Goïta s'est vu "dans l'obligation d'agir"
En dépit de la forte pression régionale et internationale sur les militaires, l’homme aux commandes de l’ex-junte malienne semble résolu à garder l’essentiel du pouvoir politique.
Les militaires semblent aussi avoir le soutien d’une partie non négligeable de la population. C'est en tous cas ce qu'estime l’analyste politique Sékou Tangana :
"Le discours est décomplexé vis-à-vis de la Cédéao, vis à vis de la France. On a vu sur les réseaux sociaux les Maliens mettre en garde, par exemple la Minusma, si jamais elle essayait d'interférer dans ce qui était en train de se passer à Kati ces dernières heures. Donc, on peut le dire, les putschistes et la plupart des Maliens sont sur la même longueur d'onde", explique l'analyste.
Les militaires soutenus par le M5 ?
Pour lui si les Maliens ne sont pas descendus dans la rue pour dénoncer la destitution du président de transition et son Premier ministre c'est parce que "beaucoup de Maliens disent également qu'il y avait un blocage car la principale centrale syndicale, l'UNTM, était en grève depuis deux semaines, un mot d'ordre qui allait être reconduit en grève illimitée à partir de lundi prochain et également sur la durée de la transition sous les 18 mois. On était déjà à 9 mois et rien de tangible n'a été enregistré, ni en termes de réformes institutionnelles et politiques, ni en termes de révision de l'accord pour la paix et la réconciliation."
L’obstination des militaires à garder le contrôle du pouvoir s’explique-t-elle aussi par le soutien dont ils bénéficieraient du mouvement du 5 juin, à l’origine du coup d’Etat militaire du 18 août ? Pour le socio-politologue malien Boukary Traoré, "dire que le M5 soutient les militaires dans cette œuvre, je ne crois pas. Mais le M5 reste et sera un élément très important dans toute la configuration politique que le Mali aura à mettre en place dans cette transition."
Division au sein de l'armée
L’arrestation et les démissions du président de la transition et son Premier ministre surviennent après l'annonce d'un nouveau gouvernement dont deux officiers appartenant aux Bérets rouges ont été écartés. Une unité d'élite de l'armée dont est également issu le colonel Assimi Goïta.
Leur remplacement par des bérets verts aurait attisé le mécontentement de l’ex-junte illustrant à nouveau les profondes divisions au sein de l'armée malienne. En avril 2012, les Bérets rouges avaient vainement tenté de reprendre le pouvoir après le coup d'Etat du 21 mars mené par des Bérets verts. A l’époque, les combats entre les deux unités avaient fait une vingtaine de morts.