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Des Maliens rentrés de Tunisie racontent leur mésaventure

Mahamadou Kane
6 mars 2023

Suite à la vague de xénophobie en Tunisie, des Maliens exilés ont décidé de se faire rapatrier.

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Des jeunes Subsahariens assis sur un muret face à l'ambassade de Côte d'Ivoire en Tunisie (le 28 février 2023 - illustration)
Les ressortissants d'Afrique subsaharienne sont alarmés en TunisieImage : Fethi Belaid/AFP

Au Mali, un premier vol en provenance de Tunis a atterri à Bamako ce week-end avec à son bord 135 Maliens, dont 25 femmes et 13 enfants.

Dans cette première vague de Maliens rapatriés de Tunisie, on dénombre également 26 étudiants. Ceux-ci ont fait l'objet d'agressions physiques et verbales par une partie de la population tunisienne depuis le message "anti-migration noire" prononcé par le président Tunisien,Kais Saied, le 21 février dernier.

Plusieurs Maliens continuent de s'inscrire sur les listes de rapatriement au niveau de l'ambassade du Mali à Tunis pour revenir dans leur pays.

Des étudiants agressés

Korotoumi Diakité avait décidé de poursuivre ses études supérieures en Tunisie. Mais face au climat d'insécurité et de racisme anti-noir en cours actuellement dans ce pays d'Afrique du Nord, elle a jugé nécessaire de rentrer au pays.

"Nous avons eu assez de problèmes autant avec la police qu'avec la population, raconte l'étudiante. Parce que nous avons eu des étudiants qui se sont faits agresser pour rien. Immigrant ou non- immigrant, noir est égal à noir. Des étudiants ont été agressés. Il y a eu également plusieurs arrestations du côté de la police. Ce n'était pas vraiment des arrestations avec un but concret. On se fait arrêter parce que tout simplement, nous sommes noirs." 

Manifestation en soutien aux ressortissants subsahariens, en Tunisie, le 25 février 2023
Manifestation en soutien aux ressortissants subsahariens, en Tunisie, le 25 février 2023Image : Fauque Nicolas/Images de Tunisie/abaca/picture alliance

Adieu la Tunisie

Mahamadou Diarisso, âgé d'une trentaine d'années, vivait à Tunis depuis 2021. Pour lui, la Tunisie n'était qu'une étape dans son projet migratoire dont la finalité était l'Italie.

"J'ai dormi dans la rue à Tunis durant deux semaines avant notre rapatriement, témoigne Mahamadou Diarisso. Il pleut là-bas actuellement et il fait très froid. On nous a chassés de nos domiciles parce que les bailleurs (propriétaires des lieux) ont eu peur que les jeunes Tunisiens viennent tout brûler. C'est de cette façon qu'on nous a mis tous dehors. Les jeunes pilleurs ont volé nos affaires là-bas, ramassé nos habits... Nous sommes arrivés ici avec un simple sac à dos contenant des chaussures.'' 

Penser aux prisonniers

Pour cet autre rapatrié nommé Ousmane Sissoko, l'urgence, c'est la libération et le rapatriement des Maliens en détention en Tunisie : "J'exhorte les autorités maliennes à recenser à travers l'ambassade du Mali en Tunisie tous les migrants maliens qui croupissent actuellement dans les prisons tunisiennes. Ils sont nombreux et sont aussi dans des villes comme Sfax. Ceux-ci souhaitent venir à Tunis, afin de regagner le Mali.'' 

Sadio Camara, ministre de la Défense, assure de son côté que d'autres rotations auront lieu dans les prochains jours pour rapatrier les Maliens désirant quitter le territoire tunisien.

Les vols continueront

Le ministre rappelle des principes de base : "Tous les Maliens et toutes les Maliennes sont égaux. Quel que soit l'endroit où ils se trouvent, au besoin, les autorités interviendront pour les soulager. Ces vols continueront jusqu'à ce que tous nos compatriotes qui sont encore en Tunisie et qui souhaitent rentrer au pays, regagnent leur pays, le Mali.'' 

Les 135 Maliens rapatriés de Tunisie ont reçu chacun des autorités un pécule de 75 euros, soit 50.000 francs CFA, en guise de frais de transport. 

Une quarantaine d'entre eux se trouvent toujours au niveau de la Maison des migrants à Bamako, en attendant de rejoindre leurs familles respectives.