La migration illégale dans la Manche, tout un réseau
25 novembre 2021Après la mort de 27 migrants clandestins hier (24 novembre) alors qu'ils essayaient de rejoindre l'Angleterre par la Manche, les associations locales qui viennent en aide aux migrants à Calais, dans le nord de la France, affirment que ce drame était prévisible.
Le mois de novembre à lui seul a enregistré 800 traversées illégales de la Manche.
La répression accrue de l'Etat français et les contrôles renforcés à la frontière pousseraient les migrants à avoir besoin de recourir au service de passeurs.
Les pays se rejettent la gestion de la crise
Les migrants qui cherchent à rejoindre la Grande-Bretagne sont essentiellement des Syriens, des Erythréens, des Somaliens ou des Afghans, des populations qui fuient la guerre dans leur pays.
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Malgré les accords de coopération signés entre la France et l'Angleterre afin de pouvoir contrôler ces mouvements migratoires illégaux, les deux pays se rejettent la responsabilité de la gestion de la crise.
Olivier Cahn, maître de conférences en droit privé et sciences criminelles à l'université de Cergy, proche de Paris, explique : "Les Britanniques disent que les Français ne contrôlent pas la frontière, et les Français disent que les Allemands ne contrôlent pas l'acheminement, c'est de la politique intérieure."
Olivier Cahn veut parler des embarcations utilisées pour franchir la Manche que certains passeurs auraient fait venir d'Allemagne, selon les déclarations du gouvernement français.
Sur place, la tâche est rendue compliquée aussi pour les forces de l'ordre, incapables de contrôler l'ensemble des plages de cette région du nord de la FranceLudovic Hochard, porte-parole de l'Union nationale des syndicats autonomes de police, réclame "davantage de moyens humains et matériels" pour détecter les réseaux de passeurs plus rapidement.
Harcèlement de migrants
Selon les témoignages de plusieurs migrants, le renforcement des contrôles sur les plages mais aussi aux abords du tunnel sous la Manche ont forcé les migrants à chercher d'autres alternatives, notamment des passeurs, pour les aider à traverser la Manche.
Oliver Cahn explique le point de départ de cette situation répressive : "A partir de 2015, les Britanniques ont exigé en plus que la France dissuade les candidats à l'asile au Royaume Uni de s'installer dans la région de Calais. C'est là que se sont développées des pratiques de harcèlement policier, de démantèlement des campements, de harcèlement des migrants."
Les autorités britanniques déclarent que le mois de novembre a connu un chiffre record des traversées illégales. 21.000 personnes seraient arrivés illégalement en Grande-Bretagne depuis le début de l'année.