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"Tshisekedi cherche des subterfuges pour rester au pouvoir"

29 septembre 2021

Arrivé deuxième à la présidentielle congolaise de 2019, Martin Fayulu est membre de la plate-forme d'opposition Lamuka. Interview.

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Aujourd’hui, la plateforme politique Lamuka prévoyait une manifestation pacifique à Kinshasa, en RDC, pour réclamer une dépolitisation de la Commission électorale nationale indépendante, deux semaines après celle du 15 septembre qui a été réprimée par les forces de l’ordre. Finalement, le rassemblement a été reporté au 16 octobre.

Pour Martin Fayulu l’un des fondateurs de Lamuka, ces rassemblements servent de moyen de pression pour garantir des élections transparentes en RDC en 2023.

Martin Fayulu est interrogé par Wendy Bashi.

Des supporters de Martin Fayulu durant la campagne de 2019
Des supporters de Martin Fayulu durant la campagne de 2019Image : John Wessels/AFP/Getty Images

Martin Fayulu : Félix Tshisekedi veut instaurer la dictature dans ce pays parce qu'il cherche une légitimité qu'il ne trouve pas. Et pour lui, les élections à venir sont un danger. Il faut donc chercher des subterfuges pour lui permettre de rester le plus longtemps possible au pouvoir. 

DW: Vous parlez de M. Tshisekedi, mais il y a deux ou trois ans, vous étiez au sein de la même coalition politique. Qu'est-ce qui explique aujourd'hui que vous ayez tous les deux un discours diamétralement opposé alors qu'il fut un moment, vos intérêts ont convergé?

Nous étions ensemble, nous avons organisé des manifestations ensemble. Nous avons décrié la dictature de Kabila ensemble et avec son père. Moi, j'ai décrit la dictature des Mobutu. Lui ne faisait pas encore de politique à ce moment-là, avec son père, nous avons travaillé ensemble pour obtenir la démocratie au Congo.

DW: Dans un meeting qu'il a tenu, le président de l'Assemblée nationale a rassuré par rapport au dossier de la CENI. Vous marchez justement pour une dépolitisation de la Céni. Il a dit, je cite, qu'une solution allait être trouvée. Est-ce que ces propos sont  rassurants? Est-ce que c'est une piste pour vous pour apaiser les tensions actuelles?

Non. Ces propos ne sont pas rassurants. Il est en service commandé. Il suit des instructions de M- Félix Tshisekedi. Toutes les parties prenantes doivent se mettre autour d'une table pour discuter d'abord de la loi, la loi portant organisation et fonctionnement de la Commission électorale. Nous devons parler de la loi électorale, du Code électoral. Nous devons tous ensemble nous mettre d'accord sur les réformes institutionnelles en matière d'élections pour que nous ayons des élections réellement crédibles, c'est-à-dire impartiales et apaisées.

Félix Tshisekedi devant les Nations unies le 21 septembre 2021
Félix Tshisekedi devant les Nations unies le 21 septembre 2021Image : Giscard Kusema

DW : Lors de son allocution à la 76e Assemblée générale des Nations unies, le président congolais a déclaré que l'état de siège instauré depuis le 6 mai en Ituri, au Nord Kivu, sera levé lorsque les circonstances qui l'ont motivé seront amenées à disparaître. Qu'est-ce que vous vous en pensez de cet état de siège?

Mais je crois qu'il faut poser la question: ces circonstances vont disparaître quand? Depuis 1994, 1995, 1996, vous connaissez bien le rapport Mapping avec toutes les exactions, toutes les atrocités commises contre le peuple congolais. Nous avons perdu des millions de Congolais. Qquand est ce que ça va se terminer? Et quels sont les signaux aujourd'hui que son état de siège va faire disparaître tout ce qui milite pour les tueries à l'est du pays.

DW : Encore ce week-end qui vient de passer dans la province de l'Ituri, trois civils ont été tués, onze maisons ont été incendiées. Cette partie de la RDC, comme le Nord-Kivu, est au centre d'une insécurité chronique depuis plusieurs décennies maintenant. Vous, président, que feriez vous pour une installation de la paix durable dans cette partie du Congo?

La première chose à faire, c'est de prendre des mesures décisives. J'ai dit que j'allais payer au sein des Forces armées congolaises une force spéciale d'intervention militaire et cette force-là devait aller à l'est de la République et que je devais en extrême urgence, mettre sur pied et déployer tout le long des frontières de l'est du pays, des unités de surveillance des frontières et d'alerte. Et je devais aussi réclamer toutes affaires cessantes une réunion spéciale du Conseil de sécurité des Nations unies pour demander au monde de poser des questions.

DW : Mais il a dénoncé aux Nations unies, justement, le rôle des multinationales. Le président Tshiesekedi a dénoncé les magouilles au sein de l'armée tout récemment.

Mais qu'est ce qu'on a fait pour arrêter ces magouilles? C'est toujours à ces militaires, ces généraux qui sont à la tête de l'armée et les pays limitrophes.

DW : Leadership et lutte contre la corruption restent le fer de lance du pouvoir actuel en RDC. Qui a dit qu'il allait lutter contre la corruption. Et depuis quelques mois maintenant, on voit que l'Inspection générale des finances joue le rôle de gendarme qui remet de l'ordre au sein des finances publiques en évitant la gabegie dans la gestion des deniers publics. Est ce que ce n'est pas un point positif?

Si on s'occupe de menu fretin, il faut beaucoup de temps pour remplir les paniers. Combien les gens se sont mis dans les poches?

DW: Vous parlez de dépolitisation de la Céni. Il y a eu une première répression le 15 septembre. Jusqu'à quand est-ce que vous allez marcher? Qu'est ce qui pourrait vous faire arrêter de manifester aujourd'hui?

Jusque quand?  Jusqu'au jour où le monde va s'arrêter. La démocratie, c'est un processus, c'est quelque chose qu'on construit et quand le citoyen n'est pas d'accord, il regarde les textes qui sont à sa disposition. Qu'ils appliquent ces textes.

 

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